Le pouvoir s'efforce de convaincre les Iraniens de voter à la présidentielle

Reuters

Publié le 17/06/2021 13:04

(Reuters) - Hassan Rohani a appelé jeudi les Iraniens à mettre de côté leurs motifs de colère et à se rendre aux urnes vendredi pour l'élection qui désignera son successeur au poste de président de la République islamique.

L'abstention pourrait atteindre des records lors de ce scrutin qui se déroule sur fond de difficultés économiques pour la population, d'autant que le Conseil des gardiens, organe contrôlé par la frange ultraconservatrice du régime théocratique iranien, a écarté ou dissuadé les candidatures de plusieurs personnalités modérées.

L'élection devrait ainsi se résumer à un duel entre Ebrahim Raïssi, chef ultraconservateur de l'autorité judiciaire du pays, et le modéré Abdolnasser Hemmati, ancien gouverneur de la banque centrale.

Lui-même rangé dans le camp des modérés, Hassan Rohani a exhorté jeudi les Iraniens à ne pas laisser les "manquements d'une institution ou d'un groupe" les empêcher de voter, dans une allusion manifeste au Conseil des gardiens.

Le guide suprême et véritable détenteur du pouvoir, l'ayatollah Ali Khamenei, a lui-même déjà appelé les Iraniens à voter en masse pour, selon lui, soustraire l'Iran aux pressions étrangères.

Les sondages d'opinion indiquent pour l'instant que la participation pourrait tomber jusqu'à 41%, soit nettement moins que lors des précédents scrutins.

Outre la disqualification de plusieurs candidats modérés, une partie de la population se plaint des difficultés économiques exacerbées par des sanctions américaines, mais aussi de la corruption, de la gestion du pays et de la répression qui a suivi les manifestations de 2019 contre la hausse du prix de l'essence.

L'élite dirigeante a aussi été affaiblie début 2020 par la chute d'un avion de ligne ukrainien, abattu par erreur par des tirs de missiles iraniens peu après son décollage de Téhéran dans un moment de fortes tensions avec les Etats-Unis après l'assassinat ciblé en Irak du général Qassem Soleïmani, chef de l'unité d'élite des Gardiens de la révolution. Cette erreur a fait 176 morts.

"Voter serait faire injure à mon intelligence", dit Fatemeh, 55 ans, qui refuse de donner son nom de famille par crainte de représailles. "Raïssi a déjà été choisi par le gouvernement peu importe pour qui nous votons."

L'opposant Mir Hossein Moussavi, en résidence surveillée depuis 2011, a appelé les Iraniens à boycotter l'élection, de même que Reza Pahlavi, fils du dernier chah d'Iran, qui vit en exil.