Eprouvée par les affres du Brexit, May rend les armes en larmes

Reuters

Publié le 24/05/2019 14:06

Mis à jour le 24/05/2019 14:50

Eprouvée par les affres du Brexit, May rend les armes en larmes

par Elizabeth Piper, Kylie MacLellan et William James

LONDRES (Reuters) - Au bord des larmes, Theresa May a annoncé vendredi sa démission, ouvrant la voie à l'arrivée au pouvoir d'un nouveau Premier ministre qui pourrait vouloir une rupture plus nette entre le Royaume-Uni et l'Union européenne pour sortir de l'impasse sur le Brexit.

Theresa May, qui dit avoir "un profond regret" de ne pas avoir pu mener à bien la sortie de l'Union européenne, a précisé le calendrier de son départ : elle quittera ses fonctions de chef du Parti conservateur le 7 juin et le processus de désignation de son successeur débutera la semaine suivante.

Le futur chef de file des Tories sera choisi avant les vacances parlementaires d'été, a fait savoir le Parti.

Pendant le processus de désignation, Theresa May expédiera les affaires courantes. Le chef du parti majoritaire à la Chambre des communes est en principe à la tête du gouvernement au Royaume-Uni.

"Je vais bientôt quitter le travail qui a été l'honneur de ma vie", a déclaré une Theresa May, la voix brouillée par l'émotion devant sa résidence officielle du 10 Downing Street.

"Je le fais sans mauvaise grâce, mais avec une gratitude immense et éternelle d'avoir eu la chance de servir le pays que j'aime", a-t-elle ajouté, sous le regard attentif de son mari, Philip.

Celle qui succéda à David Cameron pour organiser le Brexit après le référendum de juin 2016 démissionne sans avoir pu réaliser sa mission : conduire le Royaume-Uni hors de l'UE et mettre fin à ses divisions.

L'Accord de retrait conclu avec les Européens en novembre dernier a été rejeté trois fois par les députés britanniques. Theresa May avait abattu sa dernière carte mardi en proposant des liens commerciaux plus étroits avec l'UE sans exclure la tenue d'un second référendum.

"LAISSER LE PEUPLE DÉCIDER ?"

Cette dernière offre a cimenté un front du refus allant des éléments les plus pro-Brexit de son parti jusqu'à l'opposition travailliste, avec laquelle May a vainement tenté pendant six semaines de trouver un compromis.

Son successeur, a-t-elle dit, devra trouver un consensus pour mettre en oeuvre les résultats du référendum de 2016 par lequel les Britanniques ont choisi à 52% de quitter l'UE.

Jeremy Corbyn, chef de file du Parti travailliste, a demandé la tenue d'élections législatives pour "laisser le peuple décider de l'avenir de notre pays".

Theresa May laisse un pays profondément et une classe politique profondément divisés sur le fait de savoir quand et comment il faudra quitter l'UE - si il faut la quitter.

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Les principaux candidats à sa succession ont tous dit vouloir une rupture plus nette avec Bruxelles, bien que l'UE ait fait savoir qu'elle ne renégocierait pas le traité conclu en novembre.

Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, a déclaré qu'il n'y aurait pas de meilleur accord.

Dans l'entourage du président française, on indique que l'UE a besoin d'une "clarification rapide" de la part de Londres sur ses prochaines étapes du Brexit.

Boris Johnson, chef de file des brexiters lors de la campagne pour le référendum de 2016, fait figure de favori pour succéder à Theresa May à la tête du Parti conservateur, selon un sondage YouGov publié vendredi dernier par le quotidien The Times.

Certains parient sur Dominic Raab, partisan de la rupture avec l'UE et ancien ministre chargé du Brexit. Les noms du ministre de l'Environnement Michael Gove, de la ministre démissionnaire chargée des Relations avec le Parlement, Andrea Leadsom, et du secrétaire au Foreign Office Jeremy Hunt circulent également, mais leurs chances semblent faibles.