Ukraine: Poutine appelle Kiev à cesser le combat, les manifestations anti-guerre se multiplient

Reuters

Publié le 06/03/2022 12:20

Mis à jour le 07/03/2022 07:30

par Pavel Polityuk et Aleksandar Vasovic

LVIV/KIEV, Ukraine (Reuters) - Le président russe Vladimir Poutine a assuré dimanche que son offensive militaire en Ukraine se poursuivrait tant que Kiev ne rendrait pas les armes, tandis que l'évacuation de 200.000 civils de Marioupol échouait une nouvelle fois en raison d'intenses bombardements.

La majeure partie de la population de cette ville portuaire dort désormais dans des abris afin d'échapper depuis six jours à d'intenses bombardements par les forces russes qui l'encercle et qui ont coupé la nourriture, l'eau, l'électricité et le chauffage, selon les autorités ukrainiennes.

Selon les Nations Unies, le bilan des hostilités en Ukraine s'élève à 364 morts, dont plus de 20 enfants, et des centaines de blessés, depuis que Moscou a lancé son invasion le 24 février.

La Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'Homme a déclaré que la plupart des victimes civiles étaient liées à l'utilisation "d'armes explosives ayant une large zone d'impact, notamment des tirs d'artillerie lourde et de systèmes de roquettes à lanceur multiple, ainsi que des frappes aériennes et de missiles".

Moscou a nié à plusieurs reprises avoir attaqué des zones occupées par les civils.

Cette invasion de l'Ukraine par la Russie, a provoqué l'exode de près de 1,5 million de réfugiés vers l'Union européenne, et déclenché des sanctions internationales sans précédent à l'encontre de Moscou.

"La guerre est une folie, s'il vous plaît, arrêtez", a déclaré dimanche le pape François, évoquant "des rivières de sang et de larmes" en Ukraine.

Vladimir Poutine a appelé Kiev à la reddition lors d'un entretien téléphonique avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan qui a lui appelé à un cessez-le-feu.

Le chef du Kremlin s'est également entretenu avec le président français Emmanuel Macron, qui lui a fait part de sa préoccupation concernant une possible attaque imminente de la ville d’Odessa.

Lors d'un échange avec le président ukrainien Volodimir Zelenski, le président français a assuré être à l’écoute des besoins de l’Ukraine, ajoutant que la France continuerait d’accroître son soutien.

NON A LA GUERRE

De nouveaux rassemblements contre la guerre ont eu lieu dans le monde entier, y compris en Russie, où plus de 4.300 personnes ont été arrêtées, selon un groupe indépendant recensant les manifestations. Le ministère de l'Intérieur a fait de son côté état de 3.500 arrestations, dont 1.700 à Moscou et 750 à Saint-Pétersbourg.

Des milliers de manifestants ont scandé "Non à la guerre !" et "Honte à vous !", selon des vidéos publiées sur les médias sociaux par des militants de l'opposition et des blogueurs.

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Reuters n'a pas été en mesure de vérifier de manière indépendante les images et les photographies diffusées sur les médias sociaux.

A Marioupol, ville portuaire assiégée par les forces russes dans le sud-est de l'Ukraine, les autorités ont tenté pour la deuxième fois sans succès d'évacuer des civils, Ukrainiens et Russes se rejetant mutuellement la responsabilité de cet échec.

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a déclaré que les États-Unis disposaient de rapports très crédibles d'attaques délibérées contre des civils en Ukraine, des documents susceptibles d'étayer de potentielles enquêtes sur des crimes de guerre liés aux actions de la Russie.

Moscou qualifie sa campagne d'"opération militaire spéciale" et affirme qu'elle n'a pas l'intention d'occuper l'Ukraine.

Dans la capitale, les soldats ukrainiens ont renforcé leurs défenses en creusant des tranchées, en bloquant les routes et en assurant la liaison avec les unités de défense civile, tandis que les forces russes bombardaient les zones voisines.

Le président ukrainien Volodimir Zelenski a déclaré que des roquettes russes avaient détruit dimanche l'aéroport civil de Vinnytsia, la capitale de la région du centre-ouest.

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a de son côté indiqué que plusieurs infrastructures ukrainiennes de santé avaient été atteintes, faisant des morts et des blessés.

L'UKRAINE DEMANDE PLUS D'ARMES

Kiev a réitéré ses appels en faveur d'un durcissement des sanctions occidentales, demandant également davantage d'armes, en particulier des avions de fabrication russe, pour l'aider à repousser les forces russes.

Le secrétaire d'État Antony Blinken a indiqué que les Etats-Unis réfléchissaient à la manière de livrer des avions à la Pologne si Varsovie décidait de fournir des avions de combat à l'Ukraine. Il doit rencontrer mardi Emmanuel Macron à Paris.

La Russie a appelé l'Union européenne et l'Otan à ne pas envoyer en Ukraine des "systèmes d'armes de pointe".

Vladimir Poutine dit vouloir une Ukraine "démilitarisée", "dénazifiée" et neutre et a comparé samedi les sanctions occidentales "à une déclaration de guerre".

L'Occident, qui estime que les raisons invoquées par Poutine pour justifier son invasion sont sans fondement, a multiplié les efforts pour réarmer l'Ukraine, en lui envoyant notamment des missiles Stinger et des armes antichars. Mais Washington et ses alliés de l'Otan se sont opposés à la demande ukrainienne de création d'une zone d'exclusion aérienne, estimant qu'elle entraînerait une escalade du conflit au-delà des frontières de l'Ukraine.

Les Ukrainiens ont continué à affluer en Pologne, en Roumanie, en Slovaquie et ailleurs. Les Nations unies ont déclaré que plus de 1,5 million de personnes avaient choisi l'exil.

En France, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a estimé que le Royaume-Uni ne faisait pas assez d'efforts pour aider les réfugiés ukrainiens bloqués à Calais, une accusation rejetée par son homologue britannique Priti Patel.

Les sanctions occidentales ont poussé de nombreuses entreprises à suspendre leurs investissements en Russie, tandis que des banques russes ont été exclues des systèmes de paiement financiers mondiaux, ce qui a provoqué la chute du rouble et une augmentation des taux d'intérêt russes.