Sanctions pétrolières : La Russie pourrait-elle les contourner ?

Investing.com - Les sanctions européennes sur le pétrole russe menacent les marchés qui voient arriver une pénurie. Cependant, Moscou pourrait répondre aux sanctions en cherchant d'autres acheteurs pour son brut ou en réduisant sa production pour maintenir les prix élevés. Ses actions auraient un impact économique mondial, à moins que l'OPEP n'intervienne.

Lundi, les dirigeants de l'UE ont décidé d'interdire 90 % du brut russe d'ici à la fin de l'année, dans le cadre du sixième package de sanctions prises par le bloc à l'encontre de la Russie depuis son invasion de l'Ukraine. "La réponse russe sera évidemment à surveiller de près", a déclaré Helima Croft, responsable de la stratégie mondiale des matières premières chez RBC Capital Markets.

La Russie est le troisième producteur mondial de pétrole après les États-Unis et l'Arabie saoudite, et le deuxième exportateur de brut derrière l'Arabie saoudite, selon l'Agence internationale de l'énergie.

"Ce qui se passe maintenant va changer le commerce du pétrole et du gaz naturel à l'avenir. Les prix du pétrole ne vont pas baisser de sitôt et les retombées des sanctions russes se feront sentir pendant quelques années", a déclaré Hossein Askari, professeur à la George Washington University School of Business. "Les États-Unis auraient dû recourir à de fortes sanctions préventives contre la Russie et se montrer plus fermes avec les producteurs de pétrole de l'OPEP pour qu'ils augmentent la production de pétrole."

Environ 36 % des importations de pétrole de l'UE proviennent de Russie. Mikhail Ulyanov, représentant permanent de la Russie auprès des organisations internationales à Vienne, a déclaré que le pays cherchera d'autres acheteurs pour son pétrole. "Comme elle l'a dit à juste titre hier, la Russie trouvera d'autres importateurs", a déclaré Ulyanov.

"La question de savoir si ces barils trouveront un foyer en Inde, en Chine et en Turquie pourrait dépendre du choix de l'UE de cibler les services de transport maritime et d'assurance et du choix des États-Unis d'imposer des sanctions secondaires de type iranien", a écrit Croft.

Moscou a déjà deux acheteurs probables pour son brut : la Chine et l'Inde. Ces pays ont acheté du pétrole russe à prix réduit et les observateurs du secteur estiment que cela devrait continuer. Alors que l'Inde importe traditionnellement très peu de brut de Russie - seulement 2 à 5 % par an, selon les observateurs du marché - ses achats ont explosé ces derniers mois.

L'Inde a acheté 11 millions de barils en mars, ce chiffre est passé à 27 millions en avril et à 21 millions en mai, selon les données de la société de données sur les matières premières Kpler. C'est un contraste frappant avec les 12 millions de barils qu'elle a achetés à la Russie en 2021.

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La Chine était déjà le plus grand acheteur unique de pétrole russe, mais ses achats de pétrole ont également connu un pic. De mars à mai, elle a acheté 14,5 millions de barils, soit trois fois plus qu'à la même période l'année dernière, selon les données de Kpler.

La Russie pourrait également réduire sa production et ses exportations de brut pour amortir le choc sur ses finances. Dimanche, le vice-président de la compagnie pétrolière russe Lukoil (MCX:LKOH), Leonid Fedun, a déclaré que le pays devrait réduire sa production de pétrole jusqu'à 30% pour faire grimper les prix et éviter de vendre des barils au rabais.

"Des responsables à Washington ont exprimé leur inquiétude quant à la possibilité que Moscou puisse mettre fin à une liquidation ordonnée de fin d'année en réduisant les exportations pendant l'été afin d'infliger une douleur économique maximale à l'Europe et de tester la détermination collective des États membres à défendre l'Ukraine", a déclaré M. Croft mardi.

Compte tenu de la faiblesse "alarmante" des stocks et de la rareté des capacités de raffinage, une réduction préventive des exportations russes pourrait avoir un impact économique très négatif cet été, a-t-elle ajouté.

"Pour la Russie, nous pensons que l'impact de la baisse des volumes d'exportation cette année sera en grande partie compensé par la hausse des prix", a écrit Edward Gardner, économiste spécialiste des matières premières chez Capital Economics, dans une note mardi. Il a prédit que la production et les exportations de pétrole russe pourraient chuter d'environ 20 % d'ici la fin de l'année.