La Cour suprême de Russie ordonne la dissolution de l'ONG Memorial, rapporte RIA

Reuters

Publié le 28/12/2021 12:54

Mis à jour le 28/12/2021 20:40

par Andrew Osborn et Maria Kiselyova

MOSCOU (Reuters) - La Cour suprême russe a ordonné mardi la dissolution de l'ONG Memorial, en pointe dans la défense des droits de l'homme dans le pays, pour avoir enfreint la loi sur "les agents de l'étranger", une nouvelle étape dans la répression menée cette année contre les opposants au Kremlin.

D'après l'accusation, Memorial International, filiale de l'ONG, aurait contrevenu au droit en n'indiquant pas sur ses publications la mention "agent de l'étranger", y compris dans les messages publiés sur les réseaux sociaux.

Memorial est aussi accusé d'avoir mené des campagnes médiatiques à grande échelle pour "discréditer" les autorités russes.

"C'est un mauvais signal qui montre que notre société et notre pays vont dans la mauvaise direction", a réagi le président de Memorial, Jan Raczynski, cité par l'agence TASS.

La dissolution de Memorial fait peser le risque d'une "répression totale" en Russie, a déclaré l'un des conseils de l'ONG, Maria Eismont, lors de l'audience de mardi.

Le ministre français des Affaires étrangères a fait part de son "indignation" et de sa "préoccupation" après la décision de la Cour suprême.

"Cette annonce est profondément inquiétante pour l'avenir de la recherche historique et la défense des droits de l'Homme en Russie", déclare Jean-Yves Le Drian dans un communiqué.

A Berlin, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères a dénoncé une décision "incompréhensible" qui suscite une "grande inquiétude" en supprimant "la voix des victimes de l'oppression et de la répression".

Le département d'Etat américain a condamné la décision de la Cour suprême russe et a demandé aux autorités russes de "cesser leur harcèlement des voix indépendantes et des défenseurs des droits humains".

Memorial estime que la décision de la Cour suprême, qui repose sur une loi de 2012, obéit à des considérations politiques. Elle prévoit, selon un avocat cité par Interfax, de faire appel en Russie et auprès de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH).