Alerte AXA IM : "Il n'y aura pas d'atterrissage sans douleur"

Investing.com  |  Auteur Laura Sánchez

Publié le 04/07/2023 12:52

Investing.com - "Le maintien de conditions monétaires strictes pendant une longue période causera des dommages importants à l'économie, mais les banques centrales sont clairement arrivées à la conclusion qu'il n'y aura pas d'atterrissage sans douleur". C'est ainsi que Gilles Moëc, économiste en chef chez AXA (EPA:AXAF) Investment Managers, ne mâche pas ses mots lorsqu'il analyse les perspectives économiques à l'adresse des banques centrales.

"D'un point de vue macroéconomique, plus les banques centrales s'enfoncent dans le resserrement, plus les dégâts sont importants. Cependant, c'est précisément parce que les banques centrales sont désormais pleinement réconciliées avec l'idée qu'un certain dommage significatif est nécessaire pour réduire l'inflation que leur communication peut être ouvertement agressive", explique-t-il.

"Il se peut qu'elles soient désormais en mesure de réaliser assez rapidement la contraction de la demande globale qu'elles jugent probablement nécessaire. L'enquête de la Commission européenne publiée la semaine dernière a confirmé le message du PMI : les services suivent désormais l'industrie manufacturière dans le ralentissement. En Allemagne, qui sera selon nous la clé de la trajectoire future de la BCE, les intentions d'embauche sont en baisse, annonçant une correction du marché du travail nécessaire pour freiner les négociations salariales à venir et convaincre les entreprises d'absorber dans leurs marges la hausse des coûts salariaux déjà en cours", ajoute M. Moëc.

Cependant, il n'y a pas encore de "pistolet fumant", et les données sur l'inflation de base de juin, meilleures que prévu, ne devraient pas empêcher la BCE lors de la réunion de juillet, selon M. Moëc. "Pour éviter une hausse en septembre, nous avons besoin que les données s'assouplissent et que l'inflation de base commence à s'affaisser". Il semble que la croyance de la banque centrale en une 'deuxième vague' d'inflation, alimentée cette fois par les coûts de la main-d'œuvre, devienne plus solide", dit-il.

"Néanmoins, les données indiquent un certain relâchement - toujours modéré - de la pression inflationniste et un affaiblissement des perspectives de la demande globale. Ce n'est pas suffisant pour ne pas agir immédiatement, mais nous continuons à penser qu'il y a encore une chance qu'un nouveau resserrement en septembre ne soit pas nécessaire", ajoute M. Moëc.

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Les signes d'une "véritable" désinflation sont encore faibles et, pour que la BCE garde la main au-delà de juillet, le marché du travail doit montrer des signes clairs de ralentissement, explique l'économiste en chef d'AXA Investment Managers.

Pourtant, d'autres signes indiquent que l'économie réelle ne se remet pas clairement de sa "récession technique" de l'hiver dernier. La semaine dernière, l'enquête de la Commission européenne a fait état d'une baisse significative de la confiance des entreprises dans le secteur des services. Si l'on se concentre sur la composante "production récente" de l'enquête de la CE, le scénario de la stagnation ou de la "récession légère" apparaît comme le plus plausible, souligne cet expert.

"Il est vrai que la confiance des consommateurs continue de s'améliorer, mais elle reste bien en dessous de sa moyenne de long terme et nous soupçonnons que la récente embellie n'est qu'une "accalmie", une brève phase de répit où les ménages s'accommodent de la détente sur le front de l'inflation sans avoir vu, pour l'instant, de détérioration de leurs conditions d'emploi", dit M. Moëc.