USA: Le COVID-19 inflige à l'économie une contraction record

Reuters

Publié le 30/07/2020 15:59

Mis à jour le 30/07/2020 18:35

par Lucia Mutikani

WASHINGTON (Reuters) - Le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis s'est contracté de 32,9% en rythme annualisé au deuxième trimestre, les mesures prises pour tenter d'enrayer la pandémie de coronavirus ayant paralysé la première économie du monde.

Cette contraction, attestée par une première estimation publiée jeudi par la département du Commerce, est la plus importante jamais enregistrée depuis 1947, année lors de laquelle cette statistique a été introduite par le gouvernement.

Le repli du PIB au T2 est plus de trois fois supérieur au précédent record, une contraction de 10% au T2 1958.

Les économistes attendaient en moyenne une contraction de 34,1% après un recul du PIB de 5% au premier trimestre.

Les indices boursiers en Europe et les contrats à terme sur les indices de Wall Street ont creusé leurs pertes après la publication de cette statistique.

Le CAC 40 parisien et le Stoxx 600 européen perdent plus de 2% et le Dow Jones cède 1,6% vers 14h00 GMT.

Le dollar recule de 0,2%, à proximité d'un creux de deux ans face à un panier de devises de référence, et le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans abandonne près de quatre points de base à 0,543%.

L'essentiel de la contraction au deuxième trimestre s'est matérialisée en avril, avec une économie quasiment à l'arrêt en raison de la fermeture des commerces et des usines pour lutter contre la propagation du COVID-19.

Le rebond de l'activité à partir du mois de mai a été freiné par la recrudescence des contaminations, notamment dans les Etats du Sud et de l'Ouest, qui a ralenti la levée des mesures de confinement et menace de peser sur la croissance au troisième trimestre.

UNE MAUVAISE NOUVELLE POUR DONALD TRUMP

"L'économie s'est effondrée au deuxième trimestre", a commenté Sung Won Sohn, professeur d'économie à la Loyola Marymount University à Los Angeles.

"Les perspectives ne sont pas très bonnes", a-t-il ajouté. "Les Américains ne se comportent pas bien en termes de distanciation sociale, ce qui signifie que la croissance économique ne peut pas prendre de l'ampleur."

Le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, s'est inquiété mercredi de la recrudescence récente des cas de contamination aux Etats-Unis en disant qu'elle commençait à avoir un impact sur l'activité économique.

Il a également affirmé que le cours de l'économie dépendrait très largement de l'évolution de la pandémie et des mesures prises pour la contenir, laissant ainsi entendre que la Fed, qui a laissé mercredi sa politique inchangée, pourrait être conduite à déployer de nouvelles mesures de soutien si la crise sanitaire s'aggravait.

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Le déclenchement de la crise en mars a conduit la Fed à réduire l'objectif des "fed funds" de 150 points de base et à mobiliser dans l'urgence plusieurs milliers de milliards de dollars pour soutenir l'économie et les marchés financiers, ce qui a provoqué une envolée de la taille de son bilan.

Le plongeon du PIB et les doutes sur la reprise pourraient mettre la pression sur l'admninistration Trump et le Congrès, qui peinent à s'entendre sur un plan de relance de 1.000 milliards de dollars présenté par le camp républicain.

Les chiffres publiés jeudi ne sont pas une bonne nouvelle pour Donald Trump, qui chute dans les sondages en raison de sa gestion de la pandémie, de la crise économique et du mouvement contre l'injustice raciale.

Le président américain a évoqué jeudi l'éventualité d'un report de l'élection présidentielle prévue le 3 novembre aux Etats-Unis en renouvelant sa crainte, non étayée par des preuves, d'une fraude dans les votes par correspondance.