Royaume-Uni: Face aux critiques, Johnson met en avant la lutte contre les inégalités

Reuters

Publié le 06/10/2021 06:46

Mis à jour le 06/10/2021 15:25

par Elizabeth Piper et Kylie MacLellan

MANCHESTER, Angleterre (Reuters) - Boris Johnson a promis mercredi de réformer en profondeur la Grande-Bretagne en réduisant les inégalités régionales et en s'attaquant aux faiblesses structurelles de l'économie britannique, espérant ainsi faire taire les nombreuses critiques visant son gouvernement.

Lors d'un discours prononcé en clôture du congrès du Parti conservateur à Manchester, le Premier ministre a égrené la liste des succès obtenus selon lui par les Tories et minimisé les problèmes d'approvisionnement en carburant ou en nourriture auxquels le pays est actuellement confronté, n'y voyant qu'une simple conséquence de la reprise de l'activité.

Boris Johnson n'a fait aucune annonce particulière dans ce discours essentiellement destiné à resserrer les rangs d'un Parti conservateur inquiet de la direction imprimée par son chef de file, qui l'éloigne de ses positions traditionnelles favorables aux baisses d'impôts et à un Etat peu interventionniste.

Le locataire du 10, Downing Street a invoqué l'héritage de Margaret Thatcher, vanté la réussite de la campagne vaccinale outre-Manche et ciblé une opposition travailliste "vieille et usée", déclenchant ovations et applaudissements dans la salle bondée du centre de convention de Manchester Central.

L'ancien maire de Londres a réaffirmé son désir de voir la Grande-Bretagne s'éloigner du "vieux modèle social fracturé avec des bas salaires, une faible croissance, une faible productivité".

Aux inquiétudes des restaurateurs, agriculteurs ou distributeurs britanniques qui peinent à trouver de la main d'oeuvre depuis le Brexit en janvier dernier et réclament de l'exécutif de pouvoir embaucher à l'étranger, Boris Johnson a répondu qu'il se refusait à recourir "au vieux levier de l'immigration sans contrôle pour maintenir des bas salaires".

"La réponse est de contrôler l'immigration pour permettre à des personnes de talent de venir dans ce pays, et non d'utiliser l'immigration comme une excuse pour ne pas investir dans les compétences individuelles, et dans l'équipement, les infrastructures, les machines", a-t-il dit.

"Pour parvenir à ce changement, nous allons nous atteler à unir et tirer vers le haut le Royaume-Uni, le plus grand projet que puisse entreprendre un gouvernement."

"UNE PÉRIODE D'AJUSTEMENT DOULOUREUSE"

Boris Johnson a ainsi appelé les entreprises britanniques à augmenter les salaires et prendre des mesures pour favoriser l'emploi, un discours accueilli avec tiédeur par les organisations patronales.

La volonté de relever les salaires "sans agir sur l'investissement et la productivité ne fera qu'ouvrir la voie à la hausse des prix", a ainsi estimé Tony Danker, le directeur général de la CBI (Confédération de l'industrie britannique).

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"C'est un moment fragile pour notre économie. Alors travaillons en partenariat pour surmonter les défis à court terme et assurer notre potentiel à long terme", a-t-il dit.

Pour le directeur général d'une des 150 premières sociétés britanniques cotées au sein de l'indice FTSE, la Grande-Bretagne traverse une "période d'ajustement douloureuse" post-Brexit, qui a été retardée par la pandémie de COVID-19. "La relation ou plutôt l'absence de relation entre le gouvernement et les entreprises en est un symptôme", a-t-il déclaré.

Certains députés conservateurs se disent quant à eux préoccupés par les risques d'inflation alors que le gouvernement a supprimé une aide pour les ménages modestes, dont le pouvoir d'achat pourrait être en outre le plus affecté par la hausse des impôts.