Les syndicats tentent de reprendre la main sur les "Gilets jaunes"

Reuters

Publié le 28/11/2018 15:18

Les syndicats tentent de reprendre la main sur les "Gilets jaunes"

PARIS (Reuters) - Hausse du smic, salaires, transports : les organisations syndicales tentent de canaliser la colère des "Gilets jaunes" autour de revendications propres au milieu syndical, manière de reprendre la main sur ce mouvement présenté comme apolitique.

La CGT et FO ont toutes deux exhorté mercredi le gouvernement à augmenter le smic au-delà de la revalorisation prévue en janvier pour "booster le pouvoir d'achat" : 1.800 euros bruts mensuel, soit une hausse de 300 euros pour la première, "80% du salaire médian" (plus 200 euros) pour FO.

"Il y a besoin d'exprimer cette colère autour de revendications concrètes", a dit mercredi le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez sur Franceinfo, qui a réclamé "pas un coup de pouce, un coup de main" pour le smic.

Mais le Premier ministre a prévenu mercredi qu'il n'irait pas au-delà de la revalorisation légale du smic et n'accorderait, comme l'an dernier, aucun "coup de pouce" au salaire minimum en janvier.

"Il faut beaucoup de monde dans la rue samedi pour exiger, plus fort, et plus nombreux, une revalorisation importante du smic", a réagi Philippe Martinez.

La CGT avait appelé dès le 20 novembre à une manifestation interprofessionnelle samedi pour répondre à la "colère légitime" des "Gilets jaunes". Elle réclame une baisse des taxes sur les produits de première nécessité et une hausse des salaires, des pensions et des minima sociaux.

CONVERGENCE DES LUTTES

Pour son leader, il n'y a "pas de concurrence" entre le mouvement des "Gilets jaunes", qui se dit apolitique et sans attache syndicale, et les centrales.

Si les "Gilets jaunes" rejettent le monde syndical, c'est parce que ces derniers ne sont pas assez présents dans les entreprises, notamment les petites, dit-il. "Quand on ne voit jamais les syndicats, on a une image un peu biscornue des syndicats, on dit: 'on ne veut pas d'eux'."

Ce mouvement a mis les centrales dans l'embarras, selon des analystes du dialogue social, car il a montré que des anonymes pouvaient mobiliser d'avantage sur Internet que des organisations structurées.

Mais la convergence des luttes est possible, ajoute Philippe Martinez, comme à la Réunion où les organisations syndicales, unies, ont appelé à manifester aux côtés des "Gilets jaunes".

Pour l'instant, aucun contact officiel n'a été effectué car la "coordination" du mouvement est "compliquée", dit le secrétaire général. Les convergences sont donc très localisées.

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Le nouveau secrétaire de Force ouvrière, Yves Veyrier, n'appelle pas à manifester le 1er décembre, ce qui éloigne encore la perspective d'un front syndical uni. Mais il a dit sur France Inter soutenir "les salariés qui expriment une colère du point de vue de leur salaire".

Son homologue de la CFDT, Laurent Berger, appelle pour sa part le patronat à prévoir des négociations salariales, citant un rapport de l'Organisation internationale du travail (OIT), publié lundi, qui montre que la croissance mondiale des salaires n'a jamais été aussi faible depuis dix ans.

"La question du pouvoir d'achat, c'est aussi la question des salaires", a-t-il dit dans une interview à Loopsider. "Il y aura des négociations salariales aussi à faire dans les entreprises. Il faut que le patronat comprenne qu'il faut qu'il s'engage dessus."