Lagarde (BCE) évoque un objectif d'inflation plus flexible

Reuters

Publié le 30/09/2020 12:53

par Francesco Canepa et Balazs Koranyi

FRANCFORT (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) pourrait, à l'image de ce que vient d'annoncer la Réserve fédérale (Fed), envisager d'opter pour davantage de flexibilité dans son objectif d'inflation en la laissant notamment monter temporairement au-dessus de sa cible, a déclaré mercredi Christine Lagarde.

L'institution de Francfort manque depuis des années son objectif d'une hausse des prix "inférieure à mais proche" de 2% sur an, en dépit d'une politique monétaire de plus en plus accommodante.

La présidente de la BCE a ouvert quelques portes vers une évolution de cet objectif, à l'occasion d'un discours faisant un premier point sur la revue stratégique en cours au sein de la banque centrale.

Elle a évoqué notamment la possibilité que la BCE s'inspire de la nouvelle stratégie de la Fed, qui prévoit que la banque centrale américaine visera une inflation de 2% en moyenne sur la durée, si besoin en laissant filer pendant "un certain temps" les prix à la hausse pour compenser des périodes d'inflation inférieures à l'objectif.

"La discussion plus large aujourd'hui, cependant, est de savoir si les banques centrales devraient s'engager à compenser explicitement les ratés d'inflation lorsqu'elles ont passé un certain temps en dessous de leurs objectifs d'inflation", a dit Christine Lagarde.

"Si elle est crédible, une telle stratégie peut renforcer la capacité de la politique monétaire à stabiliser l'économie face à la borne inférieure", a-t-elle ajouté.

L'échec persistant à atteindre l'objectif d'inflation peut alimenter les anticipations d'inflation et "exigerait un horizon politique plus court", a-t-elle également déclaré.

Lors de la même conférence, intitulée "la BCE et ses observateurs", le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, a mis en garde contre les risques d'une revue stratégique trop ambitieuse.

"Nous devons également être très attentifs à la manière dont nous interprétons notre mandat", a-t-il dit.

"Plus nous interprétons notre mandat de manière large, plus grand est le risque de nous empêtrer dans la politique et de nous surcharger de trop de tâches".