La BCE relèvera ses taux la semaine prochaine, incertitudes sur septembre

Reuters

Publié le 20/07/2023 12:32

par Prerana Bhat

BANGALORE (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) augmentera ses taux directeurs d'un quart de point le 27 juillet, d'après l'ensemble des économistes interrogés par Reuters, dont une légère majorité s'attend désormais à une nouvelle hausse en septembre.

Alors que l'inflation dans la zone euro a diminué de presque moitié, passant de 10,6% en octobre dernier à 5,5% en juin, la BCE continue de penser qu'elle "pourrait rester trop élevée pendant trop longtemps" et qu'elle a "encore du chemin à parcourir".

Les investisseurs et les analystes, de leur côté, cherchent à déterminer le nombre de hausses supplémentaires de taux et la durée pendant laquelle ils resteront élevés d'ici la fin du cycle de resserrement monétaire de la BCE. L'institut d'émission a déjà procédé une augmentation inédite en zone euro du coût du crédit de 400 points de base depuis juillet 2022 afin de ramener l'inflation vers l'objectif de 2%.

Les responsables de la BCE ont laissé entendre qu'une neuvième hausse consécutive de taux en juillet était pratiquement acquise, ce qui conforte l'opinion des 75 personnes interrogées dans le cadre de l'enquête Reuters réalisée du 14 au 19 juillet qu'elle aura bien lieu.

La poursuite du resserrement monétaire au-delà de cette échéance suscite en revanche moins l'unanimité. Parmi les personnes sondées, 35 ne prévoient pas de nouvelles hausses de taux après juillet, tandis que 40 économistes envisagent une augmentation supplémentaire de 25 points de base en septembre, soit quatre personnes de plus par rapport à l'enquête de juin.

Le taux de dépôt de la BCE atteindrait alors 4%, son niveau le plus élevé depuis la mise en place de cet instrument de politique monétaire en 1999.

"(La hausse du mois de) juillet est pratiquement acquise, les responsables (de la BCE) ont fait savoir que la banque centrale allait augmenter les taux d'intérêt et ce ne sera une surprise pour personne. La question est de savoir si elle devra augmenter en septembre ou non", a déclaré Bas van Geffen, stratège macroéconomique chez Rabobank.

"Pour la prochaine réunion, la communication sera la partie la plus difficile (...) un maintien ou une augmentation, ils (les responsables de la BCE) garderont probablement leurs options ouvertes. La décision sera serrée dans les deux cas", a-t-il ajouté.

Les déclarations globalement restrictives des responsables de la BCE ont éloigné la perspective d'une baisse prochaine des taux d'intérêt. Plus de 90% des sondés, soit 55 économistes sur 61, ne prévoient aucune réduction avant au moins la fin du premier trimestre 2024.

Un peu plus de la moitié des sondés anticipent une ou plusieurs baisses de taux de la BCE d'ici fin mars.

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Par contraste, la Réserve fédérale américaine (Fed), qui se réunit le 26 juillet, un jour avant la BCE, devrait procéder à une ultime hausse de ses taux la semaine prochaine, selon les prévisions des marchés monétaires.

La décorrélation sur les anticipations de taux des deux côtés de l'Atlantique a en partie stimulé l'euro, qui s'est apprécié d'environ 5% face au dollar depuis le début de l'année.

Une monnaie plus forte contribue à exercer une pression à la baisse sur les prix grâce à des importations moins chères, mais l'inflation ne devrait pas atteindre l'objectif visé avant au moins 2025, conformément aux projections de la BCE.

L'inflation de base, qui exclut les prix jugés volatils des denrées alimentaires et de l'énergie, devrait légèrement reculer sous son niveau actuel de 6,8% d'ici la fin de l'année, ont déclaré 20 des 32 personnes interrogées dans le cadre d'une question supplémentaire. Seules 12 personnes s'attendent à un recul important de l'inflation de base.

L'inflation salariale sera la composante la plus sensible de l'inflation de base, selon 24 des 26 économistes sondés. Le taux de chômage, lui, devrait à peine augmenter, passant de 6,5% à 6,8% au cours des deux prochaines années, ce qui pourrait exercer une pression supplémentaire quant aux revendications salariales.

La demande a cependant ralenti en zone euro, le bloc monétaire étant même entré en récession, principalement à cause de l'Allemagne, la première économie du Vieux continent.