Les livraisons de gaz russe à la Chine n'assécheront pas l'Europe

AFP

Publié le 22/05/2014 16:00

Mis à jour le 22/05/2014 16:15

Moscou veut assurer pour Gazprom des débouchés sur le gigantesque marché chinois

Les flots de gaz russe qui devraient irriguer la Chine dès 2018 n'assécheront pas l'Europe, dépendante de la Russie pour plus du quart de ses importations de gaz, estiment des spécialistes, alors que le Vieux Continent s'inquiète d'une interruption des livraisons de Moscou sur fond de crise ukrainienne.

"Cela ne changera pas la sécurité d'approvisionnement énergétique de l'Europe: il y a tellement de gaz en Russie qu'elle pourrait très bien alimenter non seulement l'Europe, mais aussi la Chine et d'autres pays encore", relève Samuele Furfari, maître de conférences en géopolitique de l'énergie à l'Université Libre de Bruxelles (ULB).

Le géant énergétique chinois CNPC et le russe Gazprom Neft (MCX:SIBN) ont signé mercredi un énorme accord de fourniture évalué à 400 milliards de dollars, les liant pour 30 ans à partir de 2018.

Le volume livré à la Chine augmentera progressivement jusqu'à 38 milliards de m3 par an, moins que les espoirs de vente de Moscou (60 milliards de m3), et bien en deçà des 160 milliards de m3 vendus chaque année à l'Europe.

Cet accord intervient après une décennie de pourparlers, mais aussi comme un pied de nez à l'Europe, après que la Commission européenne a appelé Moscou à respecter son "engagement" de poursuivre les livraisons de gaz à l'Europe, alors qu'une menace russe de coupure plane sur les approvisionnements à l'Ukraine.

"C'est plus un signe symbolique envoyé par la Russie à l'Europe, pour lui dire qu'elle a d'autres options" pour écouler son gaz, estime Guy Maisonnier, économiste à l'organisme de recherche français IFP EN.