Les agriculteurs engagent le "siège" de Paris, à l'approche du Conseil européen

Reuters

Publié le 29/01/2024 11:41

Mis à jour le 29/01/2024 18:05

PARIS (Reuters) - Les agriculteurs français, qui ne désarment pas malgré de premiers gestes du gouvernement, ont mis lundi leur menace à exécution en engageant le "siège de Paris", une opération coordonnée de blocage de plusieurs autoroutes autour de la capitale.

Le "siège", selon les termes de la FNSEA, premier syndicat agricole, et du syndicat Jeunes agriculteurs (JA), a débuté à 14h00 (13h00 GMT) "pour une durée indéterminée".

Du nord au sud de la France, le mouvement de protestation paysan perturbe la circulation sur plusieurs axes routiers. Tracteurs, camions, bottes de foin bloquent les routes.

En Ile-de-France, le réseau Sytadin recense huit autoroutes bloquées (A1, A4, A5a, A6, A10, A13, A15, A16).

Le marché international de Rungis (Val-de-Marne), premier marché de gros de produits frais d'Europe et essentiel pour l'approvisionnement de la capitale en produits agricoles, était jusqu'à présent "épargné".

Le site est protégé par un important dispositif des forces de l'ordre. Le gouvernement a prévu de déployer au total 15.000 policiers et gendarmes, afin notamment d'empêcher l'entrée de tracteurs dans Paris et les grandes villes de province.

Dans la région lyonnaise, les manifestants ont entamé une opération escargot. Des perturbations sont également signalées dans le secteur de Marseille et d'Aix-en-Provence.

Les agriculteurs entendent maintenir la pression sur l'exécutif français à l'approche du Conseil européen qui s'ouvre jeudi à Bruxelles.

Entre deux déplacements à l'étranger - l'Inde et la Suède à venir -, Emmanuel Macron a évoqué le sujet lors d'une réunion interministérielle lundi après-midi à l'Elysée.

Le chef de l'Etat aura un entretien avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, sur la question agricole en marge du sommet de Bruxelles, a fait savoir lundi l'Elysée. Mercosur, jachère et mesures commerciales seront au menu des discussions, a-t-on précisé.

Après avoir annoncé une première série de mesures vendredi, le Premier ministre, Gabriel Attal, devait pour sa part s'entretenir avec les dirigeants de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs (JA) lundi.

MERCOSUR ET UKRAINE EN LIGNE DE MIRE

Le chef du gouvernement a annoncé des mesures de simplification administrative, une accélération du versement des aides d'urgence et l'annulation de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR).

"Ce qui a été annoncé vendredi ne nous satisfait pas. Donc on fait monter la pression parce qu'on a compris que finalement, quand c'était loin de Paris, il n'y avait pas de réception du message", a expliqué Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, sur RTL (ETR:RRTL).

Le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, a promis lundi de nouvelles mesures "dans les 48 heures".

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"On aura un certain nombre de choses que l’on pourra poser sur la table et qui permettront, je crois, de compléter et de montrer la globalité des mesures que l'on est en train de proposer au monde agricole", a-t-il dit sur France 2.

Outre la précarisation de leur métier, les agriculteurs dénoncent l'inflation de normes environnementales communautaires et une concurrence déloyale extra-européenne.

"Il y a des sujets très globaux, celui du prix, du libre-échange, on parle beaucoup de Mercosur, je ne voudrais pas oublier l'Ukraine qui est un vrai sujet agricole", a expliqué Arnaud Rousseau.

La porte-parole du gouvernement français, Prisca Thévenot, a réaffirmé lundi, lors du compte rendu du conseil des ministres, l'opposition de la France à la signature d'un accord commercial entre l'UE et le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay et Venezuela). Cela demeurera le cas "tant que les règles de réciprocité ne seront pas respectées", a-t-elle dit.

Selon l'Elysée, la Commission européenne a "instruit ses négociateurs de mettre fin aux sessions de négociations qui étaient en cours au Brésil".

Sur la concurrence des produits ukrainiens, le ministre français de l'Agriculture a reconnu lundi "des effets pervers".