Reuters
Publié le 27/07/2022 17:06
Mis à jour le 27/07/2022 17:30
PARIS (Reuters) - La France serait en capacité d'envoyer au maximum l'équivalent de 5% de sa consommation de gaz en Allemagne en hiver si cette dernière connaissait une pénurie de gaz, a-t-on appris mercredi auprès du cabinet de la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.
Les pays membres de l'Union européenne, qui se sont donné mardi un objectif de baisse de la consommation de gaz, cherchent à mettre en place un dispositif de solidarité entre Etats membres pour assurer leur approvisionnement en gaz, dans l'hypothèse où la Russie interromprait complètement ses livraisons à destination de l'Europe.
Selon le ministère de la Transition énergétique, la France serait en mesure de livrer 130 gigawattheures par jour en Allemagne, soit l'équivalent de 20 térawattheures sur un hiver, en utilisant son réseau d'interconnexion terrestre, ce qui correspondrait à 2% environ de la consommation allemande.
Sa propre consommation était de 474 térawattheures en 2021.
Cela suppose de remettre en fonction l'interconnexion d'exportation existante entre la France et l'Allemagne, qui n'est actuellement pas utilisée car le gaz odorisé sur le réseau français pour des raisons de sécurité n'est pas autorisé sur le réseau allemand.
Les travaux nécessaires pour remettre en route ce tuyau et les arrangements contractuels pourraient prendre "quelques semaines à quelques mois", dit-on au ministère.
La vraie contrainte provient plutôt d'Allemagne, précise-t-on encore. Il faudrait que les Allemands acceptent du gaz odorisé sur leur réseau, ce qui n'est pas permis par leurs règles internes. "On comprend qu'ils sont ouverts à les assouplir", dit un conseiller de la ministre.
A terme, pour conforter l'interconnexion, il faudrait installer une station de désodorisation, ce qui pourrait prendre au moins 18 mois, ajoute-t-il.
Il ne s'agit pas de gaz dont la France aurait besoin pour sa propre consommation, a expliqué mercredi sur LCI Agnès Pannier-Runacher, en ajoutant que la France pouvait compter sur les flux venant notamment de Norvège et sur ses terminaux méthaniers.
"Même si les Russes coupaient le gaz à l’Europe demain, ce qui n’est aujourd’hui pas le cas, on aurait quand même la capacité raisonnable à passer l’hiver en faisant les efforts de sobriété (énergétique)", dit-on au sein du cabinet de la ministre.
Les pays de l'UE se sont entendus sur un objectif volontaire de réduction globale de la consommation de gaz de 15% d'ici le mois de mars 2023. Dans l'hypothèse où la crise rendrait la baisse de consommation obligatoire, la France pourra se fixer un objectif de réduction de 7%, étant donné les limites auxquelles elle est confrontée en terme de capacité d'exportation.
En parallèle, le gouvernement souhaite diminuer de 10% la consommation totale d'énergie française d'ici 2024, en demandant notamment des efforts aux entreprises, collectivités, administrations publiques et aux consommateurs.
(Caroline Pailliez et Benjamin Mallet, édité par Jean-Stéphane Brosse)
Auteur:: Reuters
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