Climat: De Rugy assure de l'engagement français, les ONG déçues

Reuters

Publié le 15/02/2019 12:40

Climat: De Rugy assure de l'engagement français, les ONG déçues

PARIS (Reuters) - François de Rugy a répondu vendredi aux ONG menaçant l'Etat français d'un recours juridique pour "inaction climatique" que l'Etat était mobilisé afin de "répondre à l'urgence" du réchauffement de la planète mais que les moyens pour y parvenir se heurtaient à "des résistances et à des hostilités franches".

Les pouvoirs publics sont visés par une action de quatre ONG (Greenpeace, Oxfam, la Fondation pour la nature et l'homme, l'association "Notre affaire à tous"). Leur pétition, baptisée "l'Affaire du siècle", avait recueilli vendredi plus de 2,1 millions de signatures.

Les organisations, dont des représentants ont été reçus jeudi par le Premier ministre Edouard Philippe, ont donné jusqu'au 19 février au gouvernement pour livrer des réponses à la hauteur de l'enjeu, faute de quoi elles saisiront le tribunal administratif de Paris.

"Je salue cette mobilisation d’une importance inégalée et partage votre impatience, votre aspiration à aller plus vite, plus loin, plus fort pour le climat", écrit le ministre de la Transition énergétique dans une lettre aux ONG rendue publique vendredi par ses services.

"A l'évidence", écrit-il, l'action du gouvernement "devra être complétée, prolongée, et amplifiée dans la durée".

Il souligne que ce défi engage aussi "les collectivités, les entreprises, les associations, et chaque citoyen au niveau de son comportement individuel."

Or, ajoute-t-il, "les moyens à mettre en œuvre pour répondre à cette urgence sont loin de susciter une adhésion évidente et systématique de la part des citoyens", citant notamment la taxe carbone, à l'origine du mouvement des "Gilets jaunes".

"Si les moyens à mettre en œuvre pour lutter contre le réchauffement climatique se heurtent encore à des résistances et à des hostilités franches, c’est parce qu’ils bousculent nos modes de vie, nos manières de consommer, de travailler, de nous déplacer", développe-t-il. "C’est également parce qu’ils souffrent d’idées reçues, de campagnes orchestrées et de conservatismes nichés dans toutes les strates de la société."

"PEU D'ESPOIR"

"Pour surmonter ces conservatismes et dépasser ces clivages, nous devons écouter, rassembler et mener une bataille de conviction sans précédent, partout où les résistances demeurent, auprès de chaque Français", dit François de Rugy.

Les ONG reprochent au gouvernement de ne pas respecter les objectifs qu'il s'est lui-même fixé sur la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre (-27% en 2028 par rapport à 2013), le développement des énergies renouvelables (23% du mix énergétique en 2020) ou l'amélioration de l'efficacité énergétique (-20% en 2030).

Obtenez l’App
Rejoignez les millions de personnes qui utilisent l’app Investing.com pour suivre les marchés.
Télécharger maintenant

Dans un argumentaire sur l'action de la France en faveur du climat joint à la lettre, le ministre affirme que "les émissions (de gaz à effet de serre) de l’année 2018 devraient être à nouveau orientées à la baisse avec des consommations d’énergie plus faibles, contrairement à ce qui se passe au niveau mondial et dans la grande majorité des pays développés."

En 2017, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté en France de 3,2% en 2017 par rapport à 2016, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec).

Les ONG concernées estiment vendredi dans un communiqué que les premiers éléments de réponse sont "décevants".

Ils "laissent peu d'espoir quant à l'intention du gouvernement d’être à la hauteur de l'enjeu climatique. Aucune nouvelle mesure, ni changement de cap ne sont clairement annoncés", déplorent-elles.

"L’Etat doit prendre ses responsabilités au plus vite. Les actions individuelles, si elles sont nécessaires, ne peuvent à elles seules répondre à l’urgence du changement climatique", réagissent-elles. "L’écoute et le dialogue mis en avant par le gouvernement ne suffisent pas", ajoutent-elles.

En parallèle de "l'Affaire du siècle" et dans le sillage de l'initiative de la jeune Suédoise Greta Thunberg, des collectifs étudiants et lycéens appellent à une "grève pour le climat" vendredi en France et à une manifestation à 14h00 devant le ministère de la Transition économique et solidaire, à Paris.