Attal annonce aides et simplifications sans désamorcer la fronde paysanne

Reuters

Publié le 26/01/2024 18:52

Mis à jour le 26/01/2024 21:05

MONTASTRUC-DU-SALIES, Haute-Garonne (Reuters) - Le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé vendredi une série de mesures de simplification administrative et l'annulation de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR) sans parvenir à désamorcer la colère du monde agricole français, dont les principaux syndicats ont appelé à poursuivre la mobilisation.

"C'est trop juste", a déclaré le président de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles) Arnaud Rousseau au journal télévisé de TF1 (EPA:TFFP), même s'il a reconnu que les déclarations du chef du gouvernement, qui s'est rendu dans une exploitation de Haute-Garonne pour dévoiler un premier ensemble de mesures d'urgence, allaient "dans le bon sens sur certains aspects", notamment sur le GNR.

Le patron du premier syndicat agricole français a demandé à être reçu dès samedi matin avec les Jeunes Agriculteurs par le Premier ministre pour "rediscuter l'ensemble des points" et "aller plus loin dans les revendications".

Lors de sa visite dans une ferme bovine à Montastruc-du-Salies, Gabriel Attal a déclaré que le gouvernement allait mettre en oeuvre "immédiatement" dix mesures de simplification administrative, annuler la hausse de la taxe sur le GNR et débloquer une "enveloppe conséquente" pour la viticulture et 50 millions d'euros pour la filière bio.

Affirmant vouloir "mettre l'agriculture au-dessus de tout le reste", Gabriel Attal a estimé qu'il y avait "des colères saines", alors que les agriculteurs paralysent de nombreux axes routiers dans le pays, notamment aux portes de Paris.

"On va lancer ces trois prochaines semaines un mois de la simplification", a promis le chef du gouvernement, soulignant comprendre l'exaspération des exploitants face à l'empilage des normes et à la multiplication "des bâtons dans les roues".

"SYSTÈME KAFKAÏEN"

Sur le sujet très attendu du GNR, Gabriel Attal a annoncé sa décision d'en finir avec un "système kafkaïen".

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, avait annoncé en septembre 2023 la suppression de la "niche fiscale" du GNR, carburant utilisé par les agriculteurs, dans le cadre des efforts de décarbonation de la France. Une suppression progressive d'ici à 2030, en vertu d'un accord passé avec la FNSEA à l'été 2023.

Cette décision a eu pour effet de rehausser depuis le début de l'année le prix du GNR au litre, ce qui grève un peu plus les finances des agriculteurs.

"On va arrêter avec cette trajectoire de hausse sur le GNR", a dit Gabriel Attal en promettant en outre une "remise à la pompe immédiate de l'exonération". "On passe à l'exonération au pied de facture. D'ici à l'été (...) la déduction sera faite immédiatement et l'Etat compensera" à la livraison du carburant.

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Il a annoncé le versement en février de 50% de l'avance sur trésorerie, soit 215 millions d'euros.

S'agissant des lois Egalim, dont les agriculteurs réclament l'application pleine et entière, le gouvernement a fait un geste dès vendredi matin en menaçant de sanctionner les industriels et distributeurs qui ne s'y conformeraient pas jusqu'à hauteur de 2% du chiffre d'affaires.

Gabriel Attal a précisé, sans les nommer, que "trois sanctions très lourdes" étaient en passe d'être imposées à des "entreprises importantes".

"On a besoin d'aller plus loin sur la loi Egalim", a commenté Arnaud Rousseau. "Il a cité trois entreprises qu'il va dénoncer, on a envie de savoir comment ça a été fait, si on peut aller plus loin."

Au chapitre des simplifications, qui feront également l'objet de discussions sous l'autorité des préfets, une présomption d'urgence de dix mois sera créée pour les recours, les créations de structures de retenue d'eau, les curages seront facilités, une pause est décidée "pour discuter du zonage" dans les zones humides et les tourbières, ou encore la réglementation sur les haies passe de 14 à une disposition.

La plupart de ces mesures seront appliquées par décret.

S'engageant à "ne pas laisser les agriculteurs à la merci d'une concurrence déloyale", le Premier ministre a réitéré l'opposition de la France à la signature d'un accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur.

Gabriel Attal a ajouté qu'il attendait un rapport précis sur "l'état de notre souveraineté alimentaire et de nos dépendances" d'ici au Salon de l'Agriculture, prévu à partir du 24 février à Paris.

"Il a parlé du Mercosur, on aimerait en savoir plus aussi sur l'Ukraine. Il y a le sujet de la surtransposition sur le plan environnemental, il n'a pas abordé les choses", a réagi Arnaud Rousseau sur TF1.