Le CSA refuse d'élargir l'offre de chaînes gratuites

Reuters

Publié le 29/07/2014 17:31

Le CSA refuse d'élargir l'offre de chaînes gratuites

par Gwénaëlle Barzic

PARIS (Reuters) - Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a annoncé mardi qu'il refusait le passage du payant au gratuit des chaînes de télévision LCI et Paris Première, infligeant un revers à leurs maisons mères TF1 et M6.

Dans un communiqué, le gendarme de l'audiovisuel, qui a également rejeté une demande similaire de Canal+ (Vivendi) pour sa chaîne de documentaire Planète+, précise avoir tenu compte de la conjoncture actuelle du marché publicitaire, de la situation encore fragile de certaines chaînes de la TNT et du risque de saturation de l'offre gratuite.

"Il lui est apparu qu'en dépit de leur intérêt et de leur qualité, toutes étaient de nature à créer des difficultés et des déséquilibres, portant atteinte à la préservation de la diversité éditoriale des chaînes diffusant actuellement sur la TNT gratuite", ajoute le CSA dans son communiqué.

Le régulateur ouvre toutefois la porte à une révision ultérieure de sa décision en faisant valoir que des "conditions de marché plus favorables" pourraient justifier un réexamen.

Sa décision en l'état remet en question le devenir de LCI et Paris Première, TF1 et M6 ayant signifié qu'elles ne leur voyaient pas d'avenir si elles restaient payantes.

"Vingt ans, ce n'est pas un âge pour mourir", avait argumenté devant les neuf sages du CSA le PDG de TF1 Nonce Paolini pour justifier le passage en clair de la pionnière des chaînes d'information, distancée par ses rivales gratuites i-Télé (Canal+) et BFM TV (groupe NextRadioTV).

Il avait alors clairement menacé de fermer la chaîne déficitaire, qui emploie 247 personnes, si elle devait rester dans le "ghetto sans avenir" du payant.

"Je ne peux pas être le dernier japonais sur l'île de la TNT payante", avait quant à lui martelé le président du directoire de M6 Nicolas de Tavernost en affirmant que le modèle économique de Paris Première était menacé par la baisse conjuguée de ses recettes provenant de la publicité et de la distribution.

La société, qui va reprendre les discussions avec les distributeurs de Paris Première, étudie parallèlement les recours possibles contre la décision du CSA, a fait savoir le groupe dans un communiqué.

FORTES PRESSIONS

En dépit des pressions, notamment sur l'emploi, le CSA, qui était appelé à prendre sa première décision majeure sous la présidence d'Olivier Schrameck, a finalement décidé d'opposer une fin de non recevoir à un nouvel agrandissement de l'offre de télévision gratuite, déjà élargie à 25 chaînes fin 2012.

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La situation délicate du marché publicitaire a sans doute pesé lourd dans sa décision, l'arrivée de trois nouveaux acteurs gratuits risquant de saturer des ressources déjà limitées.

"Autoriser trois chaînes en clair dans le contexte actuel d'un marché publicitaire particulièrement morose était difficile", dit une source gouvernementale au fait du dossier.

Elle ajoute qu'il aurait été délicat pour le CSA de donner son feu vert à TF1 tout en bloquant M6. "A partir du moment ou c'était trois ou zéro, ça devenait très difficile".

Selon les données de l'Irep et France Pub, les investissements publicitaires à la télévision en France se sont contractées de 3,5% l'an dernier. L'agence ZenithOptimedia table quant à elle sur une contraction de 1% pour cette année.

"La décision du CSA est selon nous positive pour l'ensemble du paysage audiovisuel français", estiment les analystes d'Exane BNP Paribas dans une note, en soulignant notamment que TF1 et M6, qui auraient dû consentir des investissements importants en cas de passage en gratuit, vont probablement être amenés à fermer leurs chaînes déficitaire ou tout juste à l'équilibre.

"Cela pourrait ouvrir la voie à de la consolidation et à une réparation du marché", ajoutent-ils.

NextRadioTV et l'Association des chaînes indépendantes ont salué la décision du régulateur.

"Le groupe Canal+ considère que cette décision du CSA est sage et responsable car elle tient compte à juste titre de l'équilibre économique global de la TNT en France", a quant à lui réagi le groupe de télévision payante dans un communiqué.