Y a-t-il "vol" du vote pro-Brexit ?

 | 04/11/2016 14:18

Le vote pro-Brexit est-il en passe d'être escamoté ? (par Yann Quelenn)

Comme nous l'avons mentionné en septembre, le report de l'activation de l'article 50 nous paraît suspect.

Lorsque Theresa May a été nommée Première ministre, elle a déclaré qu'il était important de respecter la décision du peuple, que le Brexit n'était pas négociable et que l'article 50 serait déclenché. Sa détermination était telle que les marchés ont commencé à intégrer un Brexit "dur".

Selon nous, les négociations devraient largement bénéficier au Royaume-Uni, puisque le cauchemar économique annoncé ne s'est pas matérialisé. De fait l'économie est loin de s'effondrer et montre même des signes de reprise. Devant ce scénario, d'autres Etats membres sont tentés de suivre l'exemple britannique.

Nous avions envisagé la situation actuelle il y a quelques mois. L'arrêt de la Haute Cour refusant au gouvernement le droit d'activer l'article 50 sans l'approbation du parlement implique que les députés devront voter pour enclencher la procédure de sortie. Ne s'agit-il pas d'un déni de démocratie ? Theresa May semble avoir perdu son combat principal, à savoir le respect du vote populaire. La plupart des députés étant opposés à la sortie de l'UE, le Brexit pourrait être bloqué. De nombreux responsables estiment qu'un référendum n'a pas force obligatoire. Dans ce cas, quel était l'intérêt du vote ?

Theresa May a encore un atout dans sa manche. Elle peut appeler à des élections anticipées afin de changer la majorité parlementaire. C'est un bien long chemin en perspective.

Le Brexit paraît destiné à rejoindre la longue liste des référendums européens non respectés au cours des dix dernières années, dont celui sur le Traité de Lisbonne en France en 2005.

Pas de panique

Oui, nous voyons les signes. Huit séances baissières alignées par le S&P 500 (après quatre mois d'évolution latérale), rebond des taux longs mondiaux, hausse de la volatilité, Trump proche de la Maison Blanche, victoire des Chicago Cubs dans les World Series…

Il est peut-être temps de vendre… tout… Le problème cependant est que d'après nous, rien n'a changé sur le plan structurel. Les spéculations et les rumeurs alimentent les incertitudes. On murmure que les tentatives de reflation des banques centrales ont échoué, que le parlement britannique intrigue pour voler le Brexit, que des morts votent pour Hillary Clinton… Si notre équipe n'est pas à court de théories du complot et sait reconnaître la valeur de certaines des idées avancées, ce n'est simplement pas le moment. Souvenez-vous qu'en 2016, de nombreux experts ont prédit le crash. Peut-être la fin de l'année a-t-elle le même effet sur les personnes âgées qui voit le monde en termes d'années calendaires, plutôt que comme un continuum fluide.

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En premier lieu, le mur de liquidité n'attend que des opportunités. Il ne semble pas que les actions soient surachetées (le PER du S&P est à 19, ce qui est gérable), surtout dans le contexte actuel de pull-back. D'après les estimations, on compte environ 12 milliards de dollars en titres à rendement négatif. Ce chiffre massif ne devrait pas rester figé, surtout une fois franchi l'événement à risque du 8 novembre.

En deuxième lieu, l'OCDE a abaissé ses estimations de croissance 2016 de 0.1% à 2.9%. Sans être enthousiasmant, c'est tout de même un chiffre stable s'accompagnant d'un accélération aux Etats-Unis et en Chine, ce qui implique que la demande commence à se redresser. L'amélioration des fondamentaux a étayé les décisions rationnelles de liquider les titres à maturité longue et laissé entrevoir la normalisation des politiques monétaires. Toutefois, la fragilité de la reprise indique que le resserrement n'interviendra pas rapidement, ce qui permettra un ajustement normal.

Enfin, il est clair que les politique monétaires des banques centrales arrivent à épuisement. La BoJ détient plus de 45% du marché obligataire public et 65% du marché japonais des ETF. Cependant, il reste encore des outils et des stratégies permettant de conserver des conditions accommodantes. Il ne faut jamais sous-estimer la détermination des banques centrales à altérer les conditions du marché à leur avantage. Malgré le tapage médiatique, au vu des liquidités, de l'amélioration des fondamentaux et de la stimulation des banques centrales, nous pensons que la correction actuelle des actifs risqués offre une opportunité de reprendre des positions longues. L'histoire montre aussi que quel que soit le locataire de la Maison Blanche, un individu n'a à lui seul guère d'influence sur les Etats-Unis.

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