Wall Street : un incroyable comblement de gap sur le S&P500 !

 | 23/07/2020 14:06

Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr

En clôturant à 3 276 points, le S&P500 a confirmé hier l’effacement de la résistance des 3 233 points du 8 juin dernier. L’indice élargi américain repasse par la même occasion dans le vert sur l’année 2020, une situation inédite depuis six semaines.

Les analystes techniques sont à peu près tous convaincus que les « algos » sont déjà programmés pour emmener gentiment le S&P500 jusqu’aux confins immédiats du « gap » des 3 328 points du 20 février dernier. Et pour cause : selon la théorie chartiste, un « gap » sera le plus souvent refermé dès lors que l’ex-zénith (ou le nadir en cas de « gap » haussier) du lendemain de son ouverture a été refranchi en sens inverse après une phase de reprise en « V » (3 260 points pour le cas qui nous occupe).

Vous trouveriez facilement des exemples contraires de tentatives de comblement qui échouent s’il s’agit de valeurs prises individuellement (il existe tellement de « contretemps » de dernière minute possibles, comme une mauvaise publication trimestrielle, un article de presse qui sème le trouble ou encore un membre de l’équipe dirigeante qui claque la porte). Et lorsqu’il s’agit d’un indice aussi large que le S&P500, ce genre de risque est dilué… 500 fois… et même plus de 2 000 fois s’agissant du Nasdaq Composite.

Il faut alors vraiment des circonstances exceptionnelles, un « cygne noir » comme celui survenu le 20 février dernier, pour neutraliser « l’effet d’attraction » du gap dès lors que la dynamique directionnelle est solidement établie… et les chances d’atteindre l’objectif augmentent à mesure que l’antériorité du mouvement s’accroît.

Par ailleurs, le risque d’échec diminue de façon considérable si le rally s’étend sur plusieurs mois plutôt que sur plusieurs semaines, et c’est précisément le cas de figure qui se présente avec le franchissement des 3.260 sur le « S&P ». Cela n’élimine certes pas à coup sûr tous les impondérables, mais beaucoup d’obstacles ont été levés d’une façon qui pourrait apparaître miraculeuse vu le contexte sanitaire et la contraction historique du PIB américain.

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Il reste que ce petit miracle a un nom, ou plutôt plusieurs : la planche à billets, l’argent magique, la corne d’abondance des banques centrales. Et comme pour beaucoup de sortilèges, plus le prodige paraît grand, plus le prix à payer s’avère exorbitant.

Cette règle ne souffre guère d’exceptions dans un monde où la vraie richesse ne peut être imprimée. Elle ne peut qu’être divisée en un nombre plus grand d’unités… que les banques tendent à faire croître vers l’infini.

Il faut alors plus d’unités pour se procurer une même portion de richesse, et dans le cas qui nous occupe, une action… ce qui est la définition même de l’inflation.

Dans le cas des sociétés cotées au sein du S&P500, et plus encore du Nasdaq, le phénomène relève même de l’hyperinflation.

Des PER stratosphériques sur les GAFAM
Depuis le 20 février dernier et l’ouverture du « gap » sous les 3 328 points, les banques centrales ont créé beaucoup de nouvelles unités pour un nombre d’actions en circulation resté quasi-constant, ce qui est en fait assez nouveau car ce nombre décroissait en réalité très rapidement, de l’ordre de 2,5 à 3% par an depuis trois ans, par le truchement des rachats de leurs propres titres par les entreprises elles-mêmes.

Cette raréfaction pourrait expliquer mécaniquement une expansion de 10% des multiples depuis 2017, mais elle se révèle en réalité beaucoup plus rapide et connaît même un emballement vertigineux depuis quatre mois avec l’explosion de 20% de la masse monétaire (du nombre d’unités de $), ce qui aboutit aux valeurs algébriques stratosphériques et sans précédent figurant dans le tableau ci-dessous.