Vote sur le Brexit : tout n’est pas blanc ou noir

 | 23/06/2016 14:23

Méfions-nous d’un vote serré et des scénarios non linéaires (par Peter Rosenstreich)

Après une interminable attente, le référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’UE se déroule enfin ce jeudi. Le marché financier s’est rarement trouvé dans un événement binaire d’une telle ampleur. Si nous sommes toujours convaincus que le résultat relève de la loterie, les marchés tablent manifestement sur le Bremain. Le GBPUSD a inscrit un plus haut de six mois à 1.4844, tandis que les probabilités d’un maintien dans l’Union sont données à 76%. Même la volatilité court terme sur la livre a nettement baissé, ce qui fait paraître absurde le choix de protéger ses avoirs à tout prix. Nous nous attendons à voir la volatilité continuer de reculer et à une consolidation du cours jusqu’à 20h BST, que l’on pourrait considérer comme l’Heure H, puisque les rumeurs et les nouvelles vont ensuite déclencher une volatilité excessive générant de l’illiquidité et une dislocation des cours. Nous conseillons à nos clients de se montrer extrêmement prudents. L’une des premières circonscriptions à annoncer un résultat devrait être le Sunderland, qui est vu comme un indicateur de tendance. Un résultat serré ou une majorité claire en faveur du maintien dans l’Union pourrait donc être le signe d’une victoire du Bremain. A 5h BST, 80% des autorités devraient avoir fait des déclarations fournissant un meilleur éclairage sur l’issue.

Tout cela nous paraît toutefois trop carré. Nous devons imaginer d’autres scénarios, car nous aurons beau essayer de le maîtriser, ce processus n’est pas linéaire. Les résultats pourraient donner lieu à une controverse : rappelez-vous l’élection présidentielle américaine de 2000. Par ailleurs, de nombreux précédents historiques montrent qu’un référendum n’a pas force obligatoire. Le Congrès américain a rejeté le TARP en peine crise financière, pour l’adopter à 90% quelques jours plus tard. De même, les référendums grec et ukrainien ont été complètement ignorés. Nous ne pouvons pas écarter ces possibilités, aussi est-il important de prendre en compte l’écart entre les votes pour/contre et l’aspect non linéaire.

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En gardant tout cela à l’esprit, notre trade initial en cas de Brexit n’a rien de révolutionnaire : ventes des GBP et EUR, et achats des valeurs refuges traditionnelles que sont les USD, JPY et CHF (opérations inverses en cas de Bremain). Nos trades de second niveau seraient centrés sur la vente de devises particulièrement exposées du fait des relations commerciales avec le Royaume-Uni et l'UE, car nous anticipons une contraction de la croissance résultant des incertitudes immédiates. Cela fragilise les NOK, PLN et SEK. Dans ce scénario, nous doutons que des facteurs tels que le statut de refuge et la corrélation avec les cours du pétrole empêchent une vague de ventes du SEK et du NOK. Enfin, nous sommes focalisés sur la sensibilité au risque mondial et les devises à bêta élevé, les MXN, TRY et ZAR paraissant être les plus vulnérables à un résultat favorisant une aversion au risque. Quant aux rendements obligataires, le taux de l’emprunt allemand étant sous zéro, les investisseurs favoriseront les Treasuries US, pour trouver des rendements nominaux plus élevés sur la partie longue de la courbe, aplatissant la courbe et poussant le dollar à la hausse.

N’oubliez pas de faire montre d’une très grande prudence, car nul ne sait à quoi s’attendre !

Norvège : maintien du taux de dépôt à 0.5% (par Yann Quelenn)

Tous les yeux étant rivés sur le Royaume-Uni, la décision sur les taux de la Norges Bank ne figurait pas vraiment au premier rang des préoccupations. Les marchés financiers avaient déjà intégré le maintien du taux à 0.5%. Compte tenu des incertitudes pesant sur l’Union européenne, nous pensons que la banque centrale attend les résultats du vote sur le Brexit pour ajuster sa politique monétaire. Le référendum britannique tient du tirage à pile ou face et les conséquences sont difficiles à évaluer quelle que soit l’issue.

Nous estimons néanmoins que l’institution monétaire norvégienne pourrait réagir après le scrutin et qu’elle prendra en compte le fait que si le rebond des cours du pétrole s’est essoufflé, le baril de Brent reste autour des $50. Le fait que le prix du pétrole ait calé à ce niveau a réduit la demande de NOK. Cependant, selon nous, la demande mondiale d’or noir devrait se rapprocher de l’offre et la demande mondiale devrait continuer d’augmenter. Nous pensons donc que les autorités monétaires abaisseront les taux pour anticiper une hausse de la demande de NOK à moyen terme.

De plus, il paraît clair que l’environnement général de taux d’intérêt bas et négatifs incite à des ajustements de la politique monétaire, le résultat pouvant déclencher des afflux de capitaux massifs qui entraîneraient une forte appréciation de la monnaie. La menace sur la stabilité des prix est également inquiétante. L’inflation reste élevée. Les chiffres de mai publiés au début du mois se sont établis au-dessus des anticipations à 3.3% et restent donc supérieurs à la fourchette cible de la banque centrale de 2.5%. Comme beaucoup de pays, la Norvège attend, mais se tient prête à agir.

Crude Oil - Strong Selling Pressures Area.