Turquie: "augmenter les taux n’est pas la solution", selon Mark Mobius

 | 17/09/2018 12:57

Prenant en exemple le cas argentin, Mark Mobius, fondateur et gestionnaire du fonds américain éponyme, estime qu’augmenter les taux, aussi drastiquement soit-il, ne ramènera pas pour autant la confiance des investisseurs en Turquie.

Tentant d’enrayer la crise monétaire qui secoue le pays depuis de nombreux mois, la Banque centrale de Turquie a relevé de manière significative son principal taux directeur jeudi dernier, le portant à 24% contre 17,75% précédemment.

Cette intervention pour le moins draconienne et plutôt surprenante de la part de l’institution monétaire a plutôt rassuré les marchés, la livre turque ayant repris dans la foulée plus de 7% face au couple euro/dollar.

Pour autant, certains estiment que ce resserrement sera loin d’être suffisant. C’est le cas du gestionnaire de fonds Mark Mobius, qui a déclaré vendredi sur CNBC qu’augmenter significativement les taux directeur n’allait pas nécessairement ramener la confiance des investisseurs.

Agé de 82 ans, le fondateur de Mobius Capital Partners estime que la solution à la crise monétaire turque consiste avant tout à "regagner la confiance, confiance non seulement des investisseurs internationaux mais aussi nationaux, via notamment des politiques visant à équilibrer les budgets", explique-t-il.

h2 L’exemple argentin/h2

Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, Mark Mobius est considéré comme l’un des gourous des marchés émergents, lui qui a passé une trentaine d’années auprès de la maison de gestion Franklin Templeton Investments.

Selon lui, les autorités turques feraient mieux de s’inspirer de ce qui se passe dans d’autres pays émergents comme l’Argentine.

"Augmenter les taux directeurs ne suffit pas, nous l’avons déjà vu dans le monde entier! Le cas récent de l’Argentine est à ce titre révélateur. Vous pouvez augmenter les taux, mais si les gens ne sont pas convaincus de ce que fait le gouvernement, alors vous n'allez pas avoir d'effet".

Pour mémoire, au même titre que la Turquie, l’Argentine a vu ces derniers mois sa devise être fortement dévalorisée, plus de 50% depuis le début d’année en ce qui concerne le peso. Il y a trois semaines, espérant endiguer la chute de sa monnaie, la Banque centrale argentine avait relevé massivement ses taux d'intérêt, de 1.500 points de base pour les porter à… 60%. Une décision qui n'a fait qu'accroître l'inquiétude de la population, laquelle a continué d'acheter des dollars.

h2 Investir en TRY ?/h2
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Sur le marché des changes, après avoir repris jusqu’à 8% à la veille du week-end, la livre turque était orientée à la baisse ce lundi matin face à l’euro, fragilisée manifestement par le regain de tensions commerciales alors que Donald Trump serait sur le point d’infliger des tarifs douaniers sur 200 milliards de dollars d’importations chinoises cette semaine.

Sur le marché obligataire, notons que l’emprunt d’Etat à sept ans, nécessitant une mise de fonds de 100.000 euros en nominal, permet de tabler sur un rendement annuel de 5,26%, sur base d’un cours indicatif de 88,82%.

Sur une échéance plus courte échéance, il est possible de tabler sur un rendement annuel de 5,22% au détour de l’emprunt remboursable dans moins de deux ans, au cours actuel de 99,83% du nominal. La coupure est cette fois fixée à 50.000 euros.

En ce qui concerne les obligations libellées en livre turque, notons que l’emprunt supranational émis par la Banque européenne d’investissement, remboursable en 2022 assorti d’un taux de 10%, se traite désormais à 72% du nominal, pour un rendement annuel de 22% (rating « AAA » chez Standard & Poor’s).