Pétrole : baril en la demeure !

 | 02/01/2017 15:08


Jusqu’à il y a encore peu de temps le pétrole était l’actif le plus surveillé par les marchés, au point d’en dicter les périodes fastes et celles moins prospères. C’est en effet une dégringolade vertigineuse qui a valu au baril de se déprécier de plus de 77% entre les mois de juin 2014 et janvier dernier. Ceci est venu chambouler la place financière mondiale : ayant perdu 100 dollars le baril (tombé environ de 130 à 30 dollars), la consternation était de mise sur les places financières, et certains se demandaient jusqu’où l’or noir pouvait sombrer. L’Arabie Saoudite, qui n’avait pas réussi à réduire ses coûts de production plus tôt dans l’année, vient maintenant d’annoncer qu’ils allaient réduire leur production. Ceci devrait logiquement mener à une hausse du prix du pétrole, et peut-être à la fin de cette période de disette qui plombait les investisseurs devenus dépendant de la valeur liquide.

Le prix de l’or noir a bien augmenté en cette fin d’année 2016. Cette hausse des prix est venue à la suite d’un accord historique de l’Opep qui a réussi à faire participer des pays non-membres du cartel pour réduire la production du précieux liquide. Ceci a eu pour effet immédiat de remonter le prix du baril aux alentours des 55 dollars. L’objectif de cette réunion de l’Opep et des pays producteurs de pétrole non-membres de l’organisation qui était de voir ces prix remonter après une année qui les a vus tombés si bas, va certainement être atteint. Le Brent, lui, est retourné à des plus hauts non atteints depuis 2015.

Cette soudaine hausse s’inscrit donc à la suite de la réunion ayant eu lieu à Vienne au début du mois de décembre. Au total, 11 pays ne figurant pas dans le cartel, dont la Russie, soit 60% de la production mondiale, ont accepté de réduire leur production de 558.000 barils par jour pour pouvoir suivre les efforts fournis par l’Opep qui visent à rehausser le prix du baril. La Russie s’est engagée à elle seule à baisser sa production de 300.000 barils par jour comme elle l’avait promis. Ces réductions s’ajoutent à la baisse de 1,2 million de barils par jour décidée par l’Opep fin novembre. Les cours ont d’autant plus progressé que l’Arabie saoudite a laissé entendre qu’elle était prête à réduire sa production encore plus que prévu. Le royaume avait accepté fin novembre de pomper près de 500.000 barils de moins chaque jour.

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La remontée des cours risque cependant de ne pas durer. La hausse du baril est en conflit avec la stratégie qui consiste à laisser filer les cours pour miner la production américaine de gaz de schiste. Depuis que les cours remontent, le nombre de plateformes de forage continue d’augmenter. On en dénombre une vingtaine de plus chaque semaine pour un total de 498 au mois de décembre 2016, soit 182 de plus que lors du plus bas atteint en mai 2016. Cependant, Riyad semble miser sur le fait que les producteurs américains ne vont pas en profiter pour relever substantiellement leur production en 2017.

Une des conditions importantes de cette baisse de la production pétrolière mondiale reste de vérifier la véracité des annonces de certains pays qui ne sont pas forcément dignes de confiance. En Russie, par exemple, les annonces du ministère de l’énergie sont en conflit avec celles des compagnies pétrolières du pays. Le premier prévoit une baisse de la production à hauteur de 300.000 barils, et le second compte augmenter la production de l’or noir dans tous leurs milieux d’extraction. Ce qui laisse encore plus dubitatif est l’absence d’un plan de compensation des pertes de revenus qu’une baisse de la production va engendrer. C’est donc dans un climat d’incertitudes que les analystes mondiaux essayent de prévoir l’évolution du cours du pétrole.

On notera par ailleurs la multitude d’accords pour pomper moins de pétrole qui interviennent après que les pays concernés aient atteint des records de production. On notera l’exemple de la Russie qui semble vouloir geler sa production plutôt que de réellement la réduire. Elle a finalement accepté une baisse, mais sur la base du niveau record de novembre-décembre, soit environ 11,2 millions de barils par jour. Quant à l’Arabie saoudite, la production se serait emballée jusqu’à atteindre les 10,7 millions de barils par jour en novembre. L’Arabie Saoudite doit réduire sa production de 700.000 barils pour pouvoir respecter ses accords pris durant l’accord de l’Opep.