Matières premières – Cuivre : Le métal rouge voit toujours rouge

 | 18/12/2015 11:13


Le cuivre (ou copper en version internationale) est le troisième métal le plus utilisé au monde après le fer et l’aluminium. D’un point de vue historique, il s’agit du premier matériau métallique ductile (i.e. pouvant être déformé sans cassure) et manipulé par l’homme.

Le cuivre est extrait sous forme de minerai et doit être raffiné avant d’être utilisé. Le Chili et le Pérou sont les deux pays aux plus grandes réserves de ce minerai. Ils détiendraient 40% des réserves mondiales à eux deux. Revers de la médaille, ces deux pays sont du coup fortement dépendants de l’évolution du prix du cuivre.

Le classement mondial des pays producteurs de cuivre est réalisé par l’ISCG. Les derniers chiffres connus son ceux de 2014. Ils font état du classement suivant :

Le cours du cuivre est négocié à Londres, sur le LME (London Metal Exchange), marché fondé par Elisabeth Ière il y a 400 ans.

Au rythme de consommation actuelle, il ne reste que 31 années de réserves de cuivre. A titre de comparaison, c’est beaucoup moins que le pétrole et ses 50 années de stock. Cependant, le cuivre a la particularité d’être recyclable et est réutilisable à 100% sans altérer sur ses propriétés et performances. Il peut donc être recyclé à l’infini. A titre d’exemple, 41% de la consommation de cuivre de l’Union européenne est couverte par le recyclage.

L’une des propriétés du cuivre, en plus d’être résistant à la corrosion, est d’être un très bon conducteur. Il n’est pas surprenant dès lors que plus de la moitié de la production se retrouve dans les équipements électroniques et les câblages électriques. De même, le cuivre est présent dans l’industrie et la plomberie.

Ainsi, compte-tenu des secteurs dans lesquels il évolue (construction, équipements électroniques…) le cuivre connaît une demande très sensible à l’activité économique.

L’évolution des prix met en avant une forte dépendance à l’activité économique, et en particulier de la demande chinoise. Les prix du cuivre ont connu une forte hausse en 2010 et 2011 ; hausse due à des prévisions mondiales très optimistes. Fin 2011, les prix ont enregistré une baisse marquée, suivie d’une seconde tendance baissière en 2013 et 2014 alors que le ralentissement de la croissance chinoise faisait craindre une baisse de la demande.

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Dans une vision plus large, on constate que l’ensemble des métaux industriels ont connu une année 2015 difficile. L’argent perd 18,15% sur un an. L’or perd 12,13% tandis que l’aluminium perd 22,56% sur cette même période. Le cuivre est affecté dans ce contexte de ralentissement de la demande avec une chute de presque 30% sur un an. Seul le nickel réalise une contreperformance encore plus désastreuse.

Quel niveau de demande aujourd’hui ?

Les investisseurs freinent des quatre fers avant d’entrer sur le marché.
Ils restent touchés par trois éléments :
· La chute des prix du pétrole.
· L’effondrement du marché chinois de cet été.
· La dévaluation spectaculaire du yuan par la banque centrale chinoise.

Tous ces éléments mettent en évidence une inquiétude sur la croissance mondiale, et la croissance chinoise en particulier. L’effondrement des conglomérats miniers, avec des cours de bourse souvent divisés par plus de 2, invite à réfléchir sur la réalité de la demande émanant du premier acheteur mondial : si les achats dans le minerai ont effectivement chuté de moitié en 2 ans, de combien progresse vraiment le PIB ?

Par ailleurs, un manque de confiance dans les chiffres révélés par Pékin renforce les inquiétudes à la fois sur :
· La capacité de l’industrie à investir dans les secteurs de l’immobilier et des infrastructures.
· L’accès au crédit et le développement du Shadow Banking.
· Les incertitudes sur la stratégie de dévaluation du yuan.

La dernière quinzaine de décembre pourrait aussi être animée par la hausse probable des taux d’intérêts de la Fed américaine. Un dollar plus fort pèsera à coup sûr sur les cours des matières premières libellés dans la monnaie américaine comme le cuivre.

Les prix sont donc affectés pour partie par la baisse de la demande de cuivre.

Et du coté de l’offre ?

Dans le même temps, les producteurs de cuivre tergiversent sur la stratégie à adopter pour enrayer la chute des prix. Certains baissent leur production pour faire remonter le cours, tandis que d’autres, refusant de perdre des parts de marché, maintiennent leur niveau de production.

C’est notamment le cas de l’entreprise Codelco, détenue à 100% par l’état chilien, et qui a fait savoir qu’elle n’envisageait pas une baisse de sa production, mais privilégiait une baisse des coûts de production.

La Chine elle adopte la seconde stratégie et va fortement réduire son offre de métal rouge pour 2016, selon une déclaration commune des entreprises du secteur. Dix grands producteurs chinois, représentant 70% de la production nationale, sont engagés à diminuer leur offre totale de métal rouge de 350.000 tonnes, soit 4,5% de l’offre annuelle du pays. Ces mêmes producteurs estiment qu’à ces niveaux de prix, ils évoluent désormais sous leur seuil de rentabilité.

Les résultats de la plus grande mine du monde, copropriété de BHP Biliton et de Rio Tinto (L:RIO), situé au Chili, ont plongé de 42% sur les neufs premiers mois de l’année, et le dernier trimestre ne s’annonce pas meilleur, bien au contraire, au regard de la baisse continue des prix du cuivre. Les exploitants vont même jusqu’à se réjouir d’une baisse de «seulement» 42% de leur bénéfice, dans la mesure où la baisse des résultats a été en partie compensée par une hausse de 8% des volumes de vente, rendue possible par une amélioration de la production.

Une chose est sûre, la dégringolade des cours des matières premières accroît la pression sur tous les acteurs du secteur pour qu'ils réduisent leurs coûts.

Le géant minier Anglo American (L:AAL) a décidé d’opérer une restructuration «radicale» en prévoyant des cessions d’actifs, une réduction des investissements et de nouvelles économies, incluant la suppression de 85.000 postes.

Les valeurs minières pourraient cependant remonter après la série de publications de ce week-end montrant des signes rassurant de stabilisation de l’économie chinoise (hausse des importations chinoises de cuivre raffiné, lesquelles ont progressé de 36% en septembre sur un mois, selon les analystes de Barclays (L:BARC)).

De plus, « des coupes budgétaires et des coûts de production plus élevés vont resserrer le marché » estime Andrew Michelmore, CEO de MMG Ltd.

Enfin les cours pourraient êtres soutenus par les rumeurs d’intervention à l’achat de métaux par la Chine.

Pour l’heure, attardons-nous à l’étude graphique de ce sous-jacent assez méconnu, mais qui reste cependant souvent un baromètre intéressant de la conjoncture globale…

Une pression toujours baissière…