Snapchat: les 4 grands risques à surveiller avant l'entrée en bourse jeudi

 | 01/03/2017 14:59

Par Clément Thibault

Snap Inc., la holding située à Los Angeles en Californie qui emploie 1860 personnes et produit principalement l’application Snapchat, devrait entrer en bourse sur le NYSE –sous le libellé SNAP- ce jeudi, 2 mars, probablement avant 18h00, heure de Paris. L’heure exacte n’a pas encore été communiquée. Toutefois, si l’ on se réfère aux introductions en bourse de Facebook (NASDAQ:FB) ou de Twitter (NYSE:TWTR), l’introduction devrait avoir lieu entre 16h00 et 17h30.

Le principal produit de Snap est l’application Snapchat qui permet aux utilisateurs d’envoyer des photos et vidéos qui s'effacent automatiquement en quelques secondes. L’application permet également d’utiliser des filtres, du texte ou des smileys. SNAP entrera en bourse à un prix compris entre 15 $ et 16 $ le titre. L’IPO devrait permettre au groupe d'engranger 3,0 voire 3,2 milliards de dollars de revenus, ce qui porte sa capitalisation de marché à 20 voire 22 milliards de dollars.

Ceci reste inférieur la valorisation initiale de l’entreprise à 25 milliards de dollars, probablement par expérience compte tenu de l’IPO brouillon et embarrassante de Facebook en mai 2012. Le prix de Facebook a été revu à la hausse juste avant l’introduction en bourse, mais les titres ont entamé leur course en repli. Snapchat préfère probablement une évaluation à la baisse, augmentant ainsi ses chances d’une tendance haussière dès l’entrée en bourse.

Fondamentalement, Snap est problématique. Juridiquement, l’entreprise devait soumettre deux années de rapports financiers audités à la SEC, bien que Snap ait été fondée en 2011. Durant les deux années choisies, 2015 et 2016, l’entreprise enregistre des pertes opérationnelles de 381 et 520 millions de dollars. Son bénéfice passe de 58 millions de dollars en 2015 à 404 millions de dollars à la même période. En 2016, 96% des bénéfices de Snap provient de la publicité. En décembre 2016, Snapchat possède 158 millions d’utilisateurs journaliers actifs. Pour la même période, Facebook en détient 1,17 milliards.

L’investissement sur une IPO est toujours risqué. Il demeure toujours un manque d’information disponible lors qu’une entreprise privée devient public, forçant les investisseurs à supposer et deviner des informations. Le savoir détenu par les vendeurs (insiders) et les acheteurs (le public) est vaste, et la frénésie qui entoure l’IPO, ainsi que l’attention des médias, laissent souvent l’impression que la situation et les perspectives de l’entreprise sont meilleures qu’elles ne le sont réellement.

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Compte tenu de cela, voici trois principaux risques à surveiller lors de l’introduction en bourse de Snap jeudi :

1. Où se trouve la croissance ?

La lourde évaluation de Snap repose sur les prévisions de son futur rendement. Comme nous l’avons dit, l’entreprise est jeune mais perd toujours des centaines de millions de dollars. Quand seront-ils rentables ?

Afin de prospérer, Snap doit continuer et innover et attirer davantage d’utilisateurs vers sa plateforme. Ce qui signifie que d’importantes dépenses en R&D sont à prendre en compte. Toutefois, l’entreprise a également besoin d’être intelligente sur sa route vers la monétisation. Facebook par exemple est toujours rentable. Twitter ne l’est toujours pas.

Bien que Snapchat est plus similaire à Facebook en raison de son visuel et de la méthode utilisée pour générer des revenus (des publicités), la capacité de Snap à continuer à croitre demeure une réelle inquiétude, particulièrement depuis que Facebook et Google (NASDAQ:GOOGL) sont ces mastodontes qui ont déjà établi leur position en raison de leur capacité à cibler les consommateurs.

2. La menace constante Facebook

En parlant de Facebook, l’entreprise et ses nombreuses plateformes (Facebook, Messenger, WhatsApp, et en particulier Instagram) sont et resteront la plus grande menace pour Snapchat. Puisque Facebook détient 25 fois le bénéfice de Snapchat en cashflow, c’est une menace sérieuse. De surcroit, Facebook détient 1,17 milliards d’utilisateurs journaliers actifs. La différence en taille et en portée est immense.

Bien que la taille à elle seule ne devrait pas été une source d’inquiétude, les efforts de Facebook pour répliquer l’expérience Snapchat devrait inquiéter Snap. Après avoir ajouté des filtres à son appareil photo, et dévoilé « Instagram stories », WhatsApp autorise à présent les utilisateurs à partager des statuts visuels.

Le fait que Facebook ne soit pas poursuivi en justice pour contrefaçon, vu qu’elle copie les caractéristiques de Snapchat, est révélateur de l’incapacité des petites entreprises à se défendre. Snap détient également Snapchat Spectacles , une paire de lunette dotée d’une caméra. Nous pouvons supposer qu’il sera plus ardu de copier ce produit, bien qu’il n’engrange pas de recette importante pour l’instant. Sans innovation supplémentaire, si Facebook réussit à copier l’expérience, aucune innovation ne sauvera Snap.

3. La gestion d’entreprise

Les créateurs de Snap sont Evan Spiegel (26 ans) et Bobby Murphy (28 ans). Ils ont créé la plateforme lorsqu’ils étaient étudiants à Stanford et gèrent l’entreprise depuis. Encore une fois, la comparaison à Facebook est appropriée puisque Mark Zuckerberg a aussi été un jeune entrepreneur créant son entreprise alors qu’il était dans une université de renom. Par contre, le risque d’investissement ne provient pas de la jeunesse des deux créateurs (bien que Spiegel ait été impliqué dans une controverse ), mais de la nature du titre que Snap émet. Les titres de classe A qui seront disponibles au public ne portent pas de droit de vote. Il est stipulé :

Mr. Spiegel et Mr. Murphy, et potentiellement l’un des deux seul, détient la capacité de contrôler le dénouement de toutes les affaires soumises aux actionnaires pour approbation.

Ce qui signifie que l’achat de ces titres garantit à l’acheteur tous les risques mais ne lui permet pas de décider la façon dont l’entreprise est gérée.