Risque de recul accru du BRL, affecté par les manifestations

 | 20/03/2015 13:56

Les troubles politiques au Brésil ont poussé le réal à un plus bas de 12 ans face au dollar pendant la semaine close le 20 mars. La reprise post-FOMC s'est vue plafonnée à 3.1910. Les acheteurs sur repli se sont pressés sous les 3.20 devenu un plancher, du fait des pressions politiques persistantes. La démission du ministre de l'Education Cid Gomes accroît les tensions, la présidente Dilma Rousseff fraîchement réélu et son gouvernement se trouvant sous les feux des projecteurs dans le cadre du scandale Petrobras. Le projet anti-corruption qui doit être présentée aujourd'hui a peu de chance de satisfaire la population, qui est prête à redescendre dans la rue cette fin de semaine. Les traders hésiteront certainement à tenir leurs positions longues sur le réal ce week-end, aussi devrions-nous assister à la clôture de longs spéculatifs BRL avant la fermeture hebdomadaire, ce qui devrait accentuer l'affaiblissement de la monnaie brésilienne.

Tandis que les manifestations montent en puissance, le risque d'une réduction des taux souverains inquiètent les investisseurs détenant des actifs libellés en réal. Les contrats d'échange sur risque de crédit à 5 ans ont atteint un sommet de 6 ans (306.340 pb). Une dégradation de la classification du BRL accélèrerait les sorties de capitaux des actifs brésiliens, accroîtrait les pressions vendeuses sur la devise et intensifierait donc la tendance haussière de l'inflation. L'IPCA-15 (indice national des prix à la consommation relevé au 15 de chaque mois) devrait s'établir en hausse de 1.25% en rythme mensuel au 15 mars, ce qui pousserait l'inflation annuelle à 7.91%, niveau inédit depuis 2005. Les restrictions sur les prix étant supprimées, les pressions inflationnistes devraient rester soutenues malgré la chute des prix du pétrole (qui est contrebalancée par la dépréciation du réal). L'escalade des prix à la consommation devrait conduire à un nouveau relèvement du taux Selic lors de la réunion de politique monétaire du 29 avril. Cela implique qu'une lecture en hausse de l'inflation ravivera les faucons de la BCB et déclenchera une correction du réal sur le court terme grâce à un regain d'appétit pour les carry trades. D'un point de vue fondamental, cependant, les amateurs de risque devraient préférer réallouer leurs fonds vers des actifs au spread de taux peut-être moins intéressant, mais offrant une meilleure visibilité. Rappelons en outre qu'une dégradation de la note de crédit limite la valeur collatérale du BRL et des actifs libellés en réal, ce qui impacte donc indirectement le rendement total d'un portefeuille. C'est pourquoi un rendement plus élevé ne justifie pas toujours une allocation accrue.

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Le Brésil s'apprête à vivre une semaine riche en données : il est temps de regarder la réalité en face

Les jours à venir s'annoncent chargés pour le réal, avec la publication des chiffres de l'investissement direct étranger, de la balance courante, du taux de chômage et du PIB du quatrième trimestre. Autant d'éléments qui dicteront la tendance tout au long de la semaine. La très faible amélioration du déficit courant, la réticence des investisseurs étrangers à stimuler l'activité dans un contexte de scandale de corruption et de colère croissante contre la présidente Rousseff et son gouvernement, conjuguées aux conditions budgétaires fragiles, mettent l'économie du pays au bord de la stagflation. La semaine prochaine, les statistiques donneront un aperçu quantifié de la situation économique et détermineront si une nouvelle dépréciation du réal se justifie.

L'EUR/BRL a dépassé les 3.50 malgré l'affaiblissement généralisé de la monnaie unique. Il est suracheté selon nous : les tentatives d'échapper aux turbulences politiques brésiliennes ne justifient plus le retournement des flux de carry vers la monnaie unique, la situation économique et politique de la zone euro n'étant guère plus brillante.

La survente du BRL face au GBP et au CHF, et le positionnement négatif des futures spéculatifs (-8550 contrats au 10 mars) signale des possibilités de couvertures de shorts, qui ont cependant peu de chances d'intervenir au cours de la semaine prochaine.