Quinze jours en France: De la faiblesse de l'inflation

 | 16/12/2012 10:00

L’économie française est en proie à de nombreux problèmes mais l’inflation n’en fait pas partie.

En novembre, la décélération de l’inflation, engagée depuis un an maintenant, s’est, en effet, accentuée. Les prix à la consommation ont reculé de 0,2 (variation non CVS), soit une baisse bien plus prononcée qu’attendu. En glissement annuel, l’inflation perd 0,5 point et fléchit de 1,9% à 1,4%, son rythme le plus bas depuis la mi-2010. Pour mémoire, elle était encore à 2,5% il y a un an. De plus, corrigé des variations saisonnières, l’IPC recule aussi, de 0,1%, ce qui n’est pas fréquent. Ce bon chiffre d’inflation, car c’en est un, bénéficie d’un effet de base très favorable, accentué par la baisse des prix de l’énergie (-1,2% sur le mois) et des carburants en particulier (-2,3% après déjà -1,4% en octobre) mais pas uniquement. Les prix des services diminuent également (de 0,2% sur le mois), en large partie grâce à la baisse importante du prix des télécommunications (-3,3%, -15,1% sur un an) et du transport aérien (-5,6% sur le mois). Sur un an, l’augmentation du prix des services n’est que de 1,1%. Les prix de l’alimentation et du tabac n’ont pas bougé et la hausse des prix des produits manufacturés est très mesurée (+0,2% sur le mois, +0,5% sur un an). C’est un vrai mouvement de désinflation que l’on observe.

Plus important, l’inflation sous-jacente surprend également favorablement : nulle sur le mois, elle perd encore 0,2 point en glissement annuel, décélérant de 0,9% à 0,7%. C’est très peu et on serait tenté de penser que c’est trop peu, une inflation sous-jacente aussi faible étant mauvais signe car le reflet de l’atonie de la croissance. C’est un rythme qui n’est pas très éloigné du point bas de 0,4% enregistré début 2011 et intégrant les pleins effets de la récession de 2008-2009. C’est aussi un rythme similaire à celui atteint par l’inflation aux Etats-Unis fin 2010 et qui avait alors alimenté les craintes de déflation. L’absence d’activité, la concurrence rude, les deux poussant à l’écrasement des marges pour préserver les parts de marché, la montée du chômage, tout cela exerce des pressions baissières fortes sur l’inflation. Il n’y a pas non plus d’inflation importée sur l’écran radar. Nous nous attendons donc à ce que l’inflation reste basse à l’horizon 2013, autour de 1,5% pour l’inflation totale et de 1% pour l’inflation sous-jacente.

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Ce ralentissement de l’inflation a d’abord pour corollaire d’entraîner avec lui, à la baisse, toutes les variables indexées. Le SMIC, les revenus de transfert et de remplacement, les allocations et prestations sociales diverses vont, en conséquence, bénéficier d’une revalorisation automatique assez limitée (ce qui est positif pour les finances publiques). La question, épineuse, de la baisse du taux du livret A, actuellement de 2,25%, se pose.

Ensuite, et surtout, un rythme d’inflation aussi modéré est une bonne chose pour la croissance. C’est, d’abord, un rythme synonyme de stabilité des prix, favorable, d’une manière générale, au bon fonctionnement de l’économie. C’est, ensuite, dans le contexte conjoncturel français actuel, une bonne nouvelle pour le pouvoir d’achat des ménages et donc leur moral et leur consommation. C’est aussi un élément tirant à la baisse les taux d’intérêt. C’est, enfin, un moyen de regagner en compétitivité, l’inflation française étant inférieure à l’inflation dans l’ensemble de la zone euro (respectivement, 1,6% et 2,2% d’après l’IPCH).