Pétrole – Reprise haussière en vue

 | 11/10/2012 17:50


Pétrole – Reprise haussière en vue

Par Nadia Compaoré, Stratégiste de marché, DailyFX
Paris, le 11-10-2012

A l'heure où les marchés semblent entrer dans une nouvelle ère marquée par un interventionnisme très fort, le pétrole reflète tous les enjeux macro-économiques auxquels nous faisons face actuellement. Représentant même de croissance, il porte également dans sa valorisation un facteur géopolitique qui sera partie intégrante de cette analyse, graphique et fondamentale. Commençons par revenir sur les trois axes fondamentaux qui entourent la valorisation de cet actif.

- Croissance: Le pétrole est un indicateur de croissance qui tend donc à se déprécier lors des périodes de récession économique. Or la croissance économique est justement l'un des enjeux du monde économique actuel, aux prises entre récession et reprise économique. La Zone Euro reste la zone la plus sujette à caution sur ce volet, mais les dernières décisions des officiels de la Zone ont pour but d'endiguer ce problème; l'amélioration des conditions économiques à moyen terme dans la Zone Euro aura pour effet d'estomper le pessimisme actuel et permettre à l'or noir de s'apprécier sur fonds de regain de consommation. Sur ce point j'entends d'ici les plus pessimistes qui jugent hasardeux, présomptueux voire utopique d'envisager un retour de la Zone Euro à la croissance; ils ont raison en ce sens que les problèmes de la Zone euro sont plus structurels que conjoncturels et de ce fait, requièrent plus de temps pour être résolus. A cela, je réponds que le déficit de croissance de la Zone Euro pourrait être compensé par le maintien en croissance de la Chine et des Etats Unis. Certes nous demeurons loin des périodes les plus fastes de l’économie mondiale, le moteur de croissance mondiale qu'est la Chine faisant lui-même preuve de faiblesses. Le FMI a d’ailleurs abaissé le 9 octobre, ses prévisions de croissance mondiale pour les deux années à venir, mais nous demeurons en territoire positif et l’heure n’est pas au fatalisme.

- Facteur géopolitique: ce facteur resurgit de plus en plus, le Moyen-Orient étant en proie à une crise politique qui pourrait entrainer des ruptures d'approvisionnement temporaires et donc des hausses de prix de l'or noir. N'est pas ici question de guerre, mais juste de tensions politiques qui auront pour conséquences des hausses erratiques du prix du baril. Le scénario de guerre m'apparaît à ce jour utopique, en raison des enjeux que constitue cette région du monde; une guerre Iran-Israël pourrait plonger le monde dans un cataclysme dont nous ne connaissons les limites. Quel rôle joueront l'Arabie saoudite et les Emirats entre autres, enfermés dans une sorte de double jeu entre Orient et Occident ? Sans parler de la Turquie actuellement menacée par la Syrie mais modèle de construction du nouveau monde musulman après le printemps arabe… Le risque d’un front commun culturel, religieux et idéologique de ces pays face à l’occident explique en partie ma prudence et mon scepticisme quant à l’embrasement de cette région du monde. D’ailleurs, il convient de se demander quel parti choisiront Russie et Chine, partisans d’un nouvel ordre mondial….En attendant, et si nous profitions de cette poudrière pour faire de la plus-value ?

- Interventionnisme: QE1, QE2, QE3…c'est désormais la grande mode des politiques monétaires. De la Réserve Fédérale à la People’s Bank of China en passant par la BCE, la BoE ou encore la BoJ, les pays du G8 pratiquent et de façon agressive parfois, des injections de liquidités pour soutenir le marché. Oui ce sont des politiques risquées, qui à terme nous exposent à une inflation, à un décalage par rapport à l’économie réelle, mais le trader ne devrait en avoir cure; le raisonnement fataliste n'a pas sa place ici, le trader cherche purement et simplement de la plus-value. Tant que les marchés seront soutenus par les officiels le risque de tenue de supports apparait supérieur à celui d'une crise majeure comme certains l'attendent. En plus d'une étude par mots clés qui à mon sens doivent être intégrés à toute analyse sur les marchés de nos jours, passons à la revue graphique qui sera adossée à ces mots clés.

Commençons par le WTI qui fait preuve d'une sous-performance par rapport à son homologue européen. Le WTI est actuellement en pleine hésitation entre rebond/hausse et correction d'ampleur sur une zone support de moyen terme, marquée entre autres par la moyenne mobile à 20 séances. Nous sommes non loin du retracement à 50% de la plus grande vague baissière de l'or noir (147-32.40) et la question d'un rebond en direction des 93.30 reste posée. Pour qu’un rebond se mette en place depuis les zones actuelles, il faudra:

- un abaissement des craintes sur la croissance mondiale
- le maintien des tensions géopolitiques au Moyen-Orient
- la poursuite d'un interventionnisme déjà fort des officiels.

Avec ces 3 facteurs, un rebond se mettrait en place en direction des 93.30$ dans un premier temps. Cette première barrière à la hausse est constituée par 38% de la dernière vague baissier depuis le seuil psychologique des 100$. Au-delà de ces 93.30, nous retrouverons des barrières à 95.50, 97.80 et 100 en extension. Difficile de voir à ce jour même avec le plus grand optimisme des échanges au-delà du seuil des 100$. Il se pourrait que la reconquête de ces hauts territoires voit resurgir la production américaine, qui entraînera des baisses de prix. Outre ces facteurs fondamentaux et techniques, on notera des oscillateurs classiques en zone de survente, renforçant la probabilité de rebond ou de possible reprise haussière.

Dans le cas d'une cassure baissière de la zone actuelle, on parlera très certainement de ralentissement économique avéré, et c'est potentiellement sur le seuil des 84.30 que naîtrait un hypothétique rebond. Sous les 84.30, nous retrouverions alors le seuil des 80$, seuil en deçà duquel les termes « crise économique » et « récession » seront préférés à celui du ralentissement. Il est possible que le rôle de l'OPEP refasse surface alors, dans un processus d'ajustement des quotas.

Graphique Hebdomadaire WTI