Pourquoi les mauvaises nouvelles font-elles grimper les marchés ?

 | 20/02/2020 13:42

Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr

Wall Street poursuit son rallye haussier amorcé le 2 octobre, il aborde la dernière longueur qui nous sépare de la séance des “3 sorcières” en ayant inscrit une série quasi ininterrompue de séances positives (dont 12 sur 15 pour le Nasdaq) : le mois boursier devrait donc se terminer au plus haut.

Alors que le Nasdaq culminait à 9 838 points en début d’après-midi, il ne lui manquait plus que 1,7% pour rallier les 10 000 : peut-être est-ce d’ailleurs la marque gravée sur la gare d’arrivée du funiculaire haussier.

Le S&P500 inscrivait également un nouveau zénith à 3 393 et la spirale haussière devient inexorable, même pour les plus sceptiques, les esprits les plus critiques.

Car tout le monde a bien compris que même les pires nouvelles (guerre des tarifs douaniers, pandémies, guerres en Syrie, Kurdistan, Yémen, Libye…) passent pour de bonnes nouvelles (pour ne pas dire de véritables dopants pour les marchés), et les moins pires comme le signe avant-coureur d’une embellie que tout investisseur de long terme appelle de ses vœux.

Sauf qu’aujourd’hui, 90% des ordres sont générés par des « machines », que la durée de détention moyenne des titres se limite à une poignée de secondes.

Comment un laps de temps aussi réduit, fractionné des milliers de fois au cours de la même séance pourrait-il permettre d’intégrer à chaque fois des « éléments nouveaux » ?

Les variations de cours sont souvent expliquées après coup : cela laisse le temps d’inventer le prétexte d’un mouvement que personne n’a su prévoir… comme par exemple la hausse de +64% du Nasdaq-100 en 13 mois et 3 semaines, sur fond de croissance en contraction et de profits au mieux stagnants.

Tel n’était pas le cas mercredi puisque chacun savait pourquoi les indices grimpaient dès l’ouverture : les opérateurs saluaient la promesse faite par les autorités chinoises de continuer à agir afin de soutenir l’économie face à l’épidémie de nouveau coronavirus... tandis que les opérateurs tentent de se convaincre que le “pic” épidémique est derrière nous.

Une fois le mouvement haussier enclenché, rien n’a pu l’enrayer, ni la perspective de voir les compagnies aériennes chinoises être fusionnées pour faire face à la chute du trafic aérien (ce qui n’inquiète évidemment personne du côté d’Airbus (PA:AIR) ou de Safran (PA:SAF)), ni l’effondrement du secteur du tourisme (les séjours annulés ne seront pas remplacés), ni la chute de 85% des ventes d’Adidas (DE:ADSGN) en Chine, ni la chute de 80% des transactions immobilières, des ¾ des ventes d’automobiles, etc.

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Les marchés obligataires se joignent à la fête

Les “minutes” de la FED (résumé des délibérations de la dernière réunion du FOMC) évoquent les risques liés aux retombées économiques du coronavirus en Chine.

La FED évoque même les tensions au Moyen-Orient (les combats font rage en Syrie alors que les troupes turques affrontent l’armée régulière d’El-Assad, épaulées par des moyens aériens russes.

Mais bien sûr, l’énoncé de ces risques est interprété comme la démonstration que la FED a bien l’intention d’assouplir les taux, et d’intervenir -agressivement- au moyen de l’arme monétaire (QE) en cas de besoin, toute hausse de taux semblant exclue.

Et c’est certainement pourquoi les instruments obligataires rejoignent les indices boursiers dans leur série métronomique des records absolus.

En fait, alors que le S&P500 et le Nasdaq s’installaient au zénith, les dettes de bonne qualité (AAA et se dérivés) mais également les dettes « high yield » affichaient également leur rendement le plus bas de l’histoire (graphique ci-dessous) :