Orange : « la terre est bleue… » comme Bouygues ?!

 | 17/12/2015 15:00

Le groupe Bouygues (PA:BOUY), par un communiqué daté du mardi 8 décembre dernier, annonce qu’il n’a « aucunement l’intention de se retirer des secteurs de la télécommunication et de la télévision et réaffirme son ancrage sur le long terme dans ces deux industries ». Ce communiqué répond aux rumeurs persistantes du rachat de ces deux activités par le groupe Orange. Or, les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. Intéressons-nous donc aux avantages et aux potentiels barrières d’une telle fusion.

La rumeur d’un éventuel rachat des activités télécommunication et télévision a pris une tout autre dimension à la suite de l’annonce, lundi 7 décembre, par l’agence Bloomberg de l’ouverture de discussions préliminaires sur les activités de télécommunications et de média selon trois proches du dossier.

Citant ces trois mêmes sources, Bouygues conserverait ses activités de construction et garderait une participation minoritaire dans les activités de média et télécommunication. Cependant, aucune offre formelle ou décision n’a été prise et les deux groupes réfléchissent à un moyen de détourner les éventuels griefs des autorités de la concurrence.

Cet accord, s’il a lieu, a de quoi interpeller. En juin dernier, le groupe Bouygues a rejeté une offre faite par SFR-Numéricâble, malgré une proposition de 10 milliards d’euros. Le board avait rapidement rejeté l’offre du groupe de Patrick Drahi, évoquant qu’un tel accord engendrerait des risques de suppression de postes et se heurterait à la décision de l’Autorité de la Concurrence. Le ministre de l’époque, Emmanuel Macron avait même critiqué l’éventualité d’un rachat des activités de téléphonie et suggérait aux opérateurs d’investir dans les infrastructures plutôt que dans des projets de fusion.

Si accord entre Orange et Bouygues il y avait, le nouveau groupe devrait montrer patte blanche face aux autorités anti-trust, d’une part au niveau de l’autorité de la concurrence dont les pouvoirs ont été renforcé par la loi Macron, mais aussi au niveau européen. La commission a récemment bloqué la fusion d’entreprises au sein d’un Etat. Pour exemple, TeliaSonera AB et Telenor ASA ont abandonné leur projet de fusion après que la commission européenne se soit opposée à la réduction du nombre d’acteur de 4 à 3 au Danemark.

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Malgré la volonté de la commission européenne de favoriser la concurrence, l’ouverture de discussion préliminaire d’Orange illustre le mouvement de consolidations dans l’industrie des télécommunications. Cette année, le groupe britannique de téléphonie BT Group (L:BT) Plc, plus connu sous le nom de British Télécom, a acquis EE, anciennement Everything Everywhere, à Orange et Deutsche Telekom (DE:DTEGn) pour 12,5 milliards de livres. En France, Patrick Drahi a racheté le groupe SFR pour donner naissance à SFR-Numéricâble.

L’industrie des télécoms a profondément changé depuis 2012. Orange continue de se battre pour maintenir ses ventes et la croissance de ses revenus dans un environnement où la concurrence s’est renforcée et a résulté dans une baisse des prix dans la voix et la data. Bouygues Télécom, qui doit faire face à ces mêmes contraintes ne dégage plus de cash flow depuis le déclenchement, par le nouvel entrant Free, de la guerre des prix.

La représentation ci-dessus ne concerne que la partie télécoms et oublie la partie média. Or, dans les discussions préliminaires est évoqué un rachat des activités télécoms mais aussi média, incluant le groupe TF1 (PA:TFFP). Le groupe comprend la chaine qui porte le même nom, mais aussi 8 autres chaines –LCI, NT1, HD1,etc.-. Parallèlement, le groupe développe des activités de production et la vente de droits audiovisuels, comme Orange d’où de potentiels synergies !

Une chose est sûre, si Orange veut racheter une partie des activités de Bouygues, il devra mettre la main au portefeuille. Bouygues a rejeté en juin une offre de rachat de SFR-Numéricâble, qui lui proposait 10 milliards pour Bouygues Telecom. La filiale était ainsi valorisée presque autant que l’ensemble du groupe de BTP qui vaut près de 13 milliards en bourse !

Après ces précisions d’actualité macroéconomique nécessaires, attardons-nous à l’étude graphique de cette valeur phare de la place parisienne…


Un graphique tout de même assez mitigé…

Une vision de moyen terme pour commencer…