L’Europe s’est-elle tiré une balle dans le pied… ou dans la tête ?

 | 07/03/2022 12:19

Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr

Philippe Béchade alerte : le conflit Ukraine/Russie pourrait bien provoquer le pire choc économique de notre histoire moderne. Et le grand perdant devrait être… l’Europe ?

Le Général Christophe Gomart, ancien chef du renseignement militaire français, co-auteur de Soldat de l’Ombre, devenu depuis 2017 directeur de la sécurité et de la gestion de crise du groupe Unibail-Rodamco (AS:URW) estime que « l’élimination physique de Vladimir Poutine est l’une des solutions pour que le conflit cesse en Ukraine ». Il pourrait être victime d’un complot de son entourage, mais également périr de diverses manières.

Même s’il n’exerce plus de responsabilités opérationnelles au sein de l’armée française, il reste l’un des militaires qui connait le mieux Vladimir Poutine, son entourage, les services secrets russes (pas seulement le célèbre FSB, l’ex-KGB, toutes les autres agences de renseignements).

Un super espion qui vient lâcher des « petites phrases » de cet ordre un samedi sur RTL… cela pourrait passer pour une menace à peine voilée de l’Elysée, par la bouche d’un « familier » des hautes sphères russes, à l’attention du maître du Kremlin.

C’est d’autant plus troublant et inquiétant que les « super-espions » n’ont pas pour habitude de chercher à éliminer leur alter égo, parce qu’ensuite, cela prend des mois et des années pour bien se connaître et pouvoir négocier.

Cela signifie-t-il que côté Europe, il n’y aurait donc plus rien à négocier et que le seul horizon est celui de l’alourdissement inexorable des sanctions contre la Russie, et contre le peuple Russe (et ceux vivant parmi nous) ? Le tout dans un déchaînement de maccarthysme imbécile – confinant à la haine raciale – comme il n’en avait plus été observé depuis la traque paranoïaque des « communistes » par Edgar Hoover à la fin des années 1950 (recevoir un simple courrier provenant de l’Union Soviétique pouvait vous valoir de la prison).

L’Europe, grande perdante…
Parmi les sanctions en cours de mise en œuvre, il y a le boycott du pétrole russe par l’Europe (qui n’en produit pas) sous la pression des Américains (premiers producteurs au monde, autosuffisants et qui exportent du GNL), ce qui fait instantanément bondir le baril de Brent vers 130 $ et propulse les anticipations inflationnistes au-delà de 10% en Europe cette année.

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La croissance anticipée pour 2022 serait alors divisée par 2… et c’est encore une hypothèse optimiste compte tenu de l’impact dévastateur sur le pouvoir d’achat des ménages, dans un monde où l’indexation des revenus sur l’inflation est prohibée depuis le début des années 1980 afin d’interdire le retour de la spirale prix/salaires.

Ce principe devenu cardinal depuis quatre décennies revient à assumer un cycle d’euthanasie des rentiers et le laminage des classes moyennes un cas de « choc inflationniste », afin de laisser la dette en excédent se faire désintégrer par l’érosion monétaire.

Et là, nous venons de créer les conditions non pas d’un « choc pétrolier » comme en 1973 ou 1980, mais un « choc de tout » : énergies (gaz, pétrole, charbon), métaux industriels, terres rares, engrais, céréales (blé au plus haut de l’histoire).

Nous savions que dans notre monde surendetté, il n’y a pas d’autre choix que les taux zéro, c’est-à-dire l’absence de rémunération de l’épargne : impossible d’endiguer une vague d’inflation qui pourrait tendre vers l’infini.

Il était donc vital pour tous les citoyens épargnants d’éviter de créer les conditions d’un tel scénario-catastrophe, car ce sont eux qui se retrouvent en première ligne.

Et si l’apocalypse nucléaire ne ramène pas la population terrestre à 500 millions d’individus d’ici quelques semaines comme en rêvent certains eugénistes depuis le début des années 1980, une apocalypse inflationniste risque de réduire la population mondiale solvable à 500 millions d’individus encore capables de consommer, de voyager, d’investir dans les marchés tandis que 7 milliards d’individus feront un « grand bond en arrière », subissant une chute abyssale de leur niveau de vie, ce qui restreindra considérablement leur capacité de se déplacer.

Ainsi sera atteint l’un des buts de la transition écologique : émettre moins de Co² (gaz carbonique) en ne circulant en voiture qu’en cas de nécessité absolue (la Mairie de Paris réfléchit à un « Ausweiss » pour utiliser son véhicule dans le centre de la capitale), en se chauffant moins, en ne prenant plus l’avion (et à condition d’en avoir encore les moyens).

Ce sera une transition par la décroissance et cela tombe bien puisque les matières premières nécessaires à la conversion de 90% du parc automobile à l’électrique d’ici 10 ans n’existent pas, pas plus que celles nécessaires pour remplacer l’énergie au gaz ou au charbon par des éoliennes, très gourmandes en cuivre, nickel (batterie de stockage) et métaux rares présents en grande quantité dans les alternateurs.

Signe que les marchés semblent soudain ouvrir les yeux : le CAC40 plonge de près de -5%, sous les 4 780 points (presque -10% en 48 heures, -15% depuis le 1er janvier), le Dow Jones décroche sous les 33 000 points en préouverture, le Dollar atteint ce 7 mars son plus haut niveau depuis le 18 mai 2020, à 1,0830 $ pour 1 €.

L’Euro, en perdition depuis une semaine, plonge de 4,5% depuis le 1er janvier, dont -3,5% en 6 séances (soit depuis le 24 février et l’invasion de l’Ukraine).

Le Dollar Index qui accroche les 100 s’inscrit également au plus haut depuis le 25 mai 2020, ce qui est donc très proche et démontre une forte corrélation entre le « DXY » et la paire Euro/Dollar.

Le billet vert illustre – ainsi que le Franc suisse qui vient de franchir le cap symbolique de la parité, à 0,998 pour 1 € – la course vers la sécurité qui s’amplifie alors que les nerfs des boursiers craquent. Ce qu’ils n’avaient pas encore fait… jusqu’au 3 mars pour les indices européens : la totalité des supports moyens terme et MM200 sont pulvérisés, puis le 7 mars à Wall Street.

Et l’Europe se lance dans un véritable suicide économique puisque la dernière fois que le pétrole a valu plus de 110 $, l’Euro affichait une parité de 1,40 face au billet vert : 30% de plus qu’aujourd’hui, ce qui signifie que nous payons notre baril l’équivalent d’un peu plus de 162 $ (prix retenu : 125 $) par rapport à l’époque (en 2014).

Nous n’avons jamais payé notre énergie aussi chère ! Et les Bourses, cette fois, vont-elles aussi le « payer très cher ».

Certains se demandent si avec cette guerre qui semblait évitable et l’escalade des sanctions/boycott, l’Europe ne se tire pas une balle dans le pied. Vu la crise économique et le chaos géopolitique qui nous menacent, elle ne se tire pas plutôt une balle dans la tête, au profit quasi exclusif des Etats-Unis.

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