Le repli de l'euro s'intensifie post-Draghi, la livre glisse

 | 06/03/2015 15:18

La Banque d'Angleterre et la Banque centrale européenne ont rendu un verdict de statu quo lors de leur réunion de mars. La BoE maintient son taux d'intérêt au plus bas historique de 0.5% depuis six ans et n'a aucune raison d'entamer la normalisation compte tenu des pressions désinflationnistes. Si sa prochaine initiative portera vraisemblablement sur un relèvement du taux (encore que ce dernier n'est pas attendu avant le premier trimestre 2016), le découplage des politiques monétaires, avec la position accommodante des BCE, BoJ, BoC et RBA, ainsi que l'assouplissement des banques centrales des émergents (à commencer par l'Inde et la Chine) devrait soutenir la livre sterling après les élections du 7 mai. Pour l'instant, les traders du GBP se focalisent de plus en plus sur les débats politiques. Les incertitudes devraient peser sur la monnaie britannique dans les semaines à venir. Le GBP/USD s'est replié sous la MM50j (1.5266), tandis que l'EUR/GBP a rebondi sur son creux de 0.72197 dans le sillage de la conférence de presse de Mario Draghi. Il est probable qu'un plancher soit atteint, sinon des bids solides devraient venir en soutien dans la fourchette 0.70/0.72. Le marché des futures 1-3 mois prend en compte une moindre préférence pour le GBP face à l'euro et au dollar.

A l'occasion de sa conférence de presse mensuelle à Nicosie, le président de la BCE a déclenché de la volatilité court terme sur les marchés des changes. L'EUR/USD a tout d'abord grimpé 1.1114, lorsque Mario Draghi a déclaré que le crédit s'était considérablement amélioré -grâce à l'impact du programme de rachat d'obligations- et que les bénéfices des mesures étaient transmis à l'économie réelle. Si l'inflation est toujours anticipée en territoire négatif pendant les deux à trois mois à venir, la stimulation a nettement atténué les effets de second tour du pétrole et stoppé le déclin des perspectives d'inflation, d'après M. Draghi. La BCE prévoit un retour de l'inflation à 0% (contre 0.7%) en zone euro en 2015, avec une accélération du PIB à 1.5% (contre 1.0%). Son optimisme a suscité un rebond de courte durée de l'EUR/USD, mais les niveaux au-dessus des 1.11 sont rapidement devenus de bons prix pour de nouveaux shorts.

Qu'est-ce qui a refroidi les traders de l'euro ?

En premier lieu, la BCE commencera à acheter pour 60 millions de dette souveraine par mois à partir du lundi 9 mars jusqu'à septembre 2016… et au-delà si nécessaire. Concrètement, elle s'engage à prolonger le programme d'assouplissement quantitatif jusqu'à ce que l'inflation soit ancrée sur la voie de l'objectif de 2%. La nature illimitée du QE implique que le montant total des rachats d'actifs pourra dépasser 11400 milliards d'euros, ce qui a un impact négatif sur la monnaie unique. Bien que les perspectives d'inflation laissent penser qu'il ne sera nécessaire de prolonger les rachats de dette souveraine (l'IPC devrait remonter à 0% en 2015, à 1.5% en 2016 et à 1.8% en 2017!), les incertitudes entourant les prévisions économiques rendent les traders sceptiques.

Obtenez l’App
Rejoignez les millions de personnes qui utilisent l’app Investing.com pour suivre les marchés.
Télécharger maintenant

En deuxième lieu, et plus ennuyeux, la BCE achètera de la dette à taux négatif. Bien que les rémunérations inférieures au taux de dépôt soient exclues de l'opération, il en résultera très probablement une réorientation de la demande vers les plus longues maturités et une distorsion de la duration des portefeuilles obligataires.

"La BCE est la banque centrale de la Grèce"

Enfin, les doutes autour du programme d'aide à la Grèce attisent une certaine nervosité sur les marchés. Mario Draghi a assuré que les banques helléniques étaient en bonne santé et qu'il était important qu'elles le restent. "La BCE est la banque centrale de la Grèce", a-t-il déclaré, comme le confirment les 100 milliards prêtés au pays qui représentent 68% du PIB grec. L'institution est prête à réinstaurer la dérogation permettant aux obligations grecques d'être éligibles en tant que collatéral, à condition que certaines conditions soient remplies.

Athènes doit rembourser 6.5 milliards d'euros de dette et intérêts dans trois semaines, faute de quoi un autre défaut compromettra gravement la note de crédit du pays et l'exclura automatiquement du QE. Lundi, le ministre des Finances Yanis Varoufakis doit rencontrer ses homologues de la zone euro pour trouver une solution permettant de débloquer les fonds. M. Draghi a souligné que les décisions de l'Eurogroupe étaient extrêmement importantes pour la BCE. "Si un accord est trouvé, la situation changera du tout au tout et nous serons en bien meilleure posture pour prendre des décisions favorables à la Grèce", a-t-il ajouté.