Le moment de se positionner sur la lire turque ?

 | 18/12/2019 08:27

La semaine dernière, Oblis revenait sur l’évolution remarquable du rouble au cours des douze derniers mois. Un constat qui n’est pas de rigueur pour la lire turque, incapable de rebondir après une année 2018 pourtant catastrophique.

Après avoir cédé près de 30% de sa valeur l’année passée, sous l'effet de tensions diplomatiques entre Ankara et Washington, la lire turque souffre encore de la désaffection des investisseurs, avec un repli de 7% face aux devises fortes, dont l’euro.

Manifestement, la devise reste affectée par l’exode de capitaux et l’interventionnisme monétaire des autorités politiques.

Craignant que celles-ci ne poursuivent une politique de relance qui pénalise la lire, particuliers et entreprises ont continué de renforcer leurs avoirs en devises étrangères, au point que près de la moitié des dépôts bancaires en Turquie seraient désormais libellés en dollars.

h2 Vers une nouvelle ère de croissance ?/h2

Eclaircie au tableau, après trois trimestres consécutifs de récession, du jamais vu en une décennie, l’économie turque a retrouvé le chemin de la croissance au troisième trimestre, signant une hausse de son Produit Intérieur Brut de 0,9% en glissement annuel.Pour cette économie émergente, la récession ne fait pas vraiment partie des habitudes, le pays ayant été habitué depuis les années quatre-vingt à des taux de croissance élevés (jusqu’à 11% au début des années 2010).Selon TurkStat, l’Institut turc des Statistiques, l'activité a été tirée par les secteurs agricole et industriel. La construction en revanche, qui était autrefois l'un des principaux moteurs de l'économie, a poursuivi son déclin.On notera que l’économie turque repose sur les services (65%), l'industrie (27%) et l'agriculture (8%). En matière industrielle, les secteurs qui contribuent le plus à l'économie sont l'alimentaire et la construction. Le tourisme quant à lui représente environ 4% du PIB et est en redressement après des années difficiles.

h2 A moyen et long terme, des raisons d'être plus optimiste?/h2

Si la lire s'affaiblit d'années en années, la Turquie n’en est pas moins une puissance économique en devenir, avec de nombreux atouts. Sa population est jeune et éduquée. D'autre part, avec plus de 80 millions d'habitants, c'est un marché potentiel important pour les pays européens.

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A noter aussi que, au carrefour de l'Occident et de l'Orient, la Turquie est partenaire de la Chine dans le cadre des Nouvelles Routes de la Soie. Autant d'éléments sur lesquels la Turquie peut fonder sa croissance économique future.

Un argument plus cynique concernant la devise peut aussi être pris en compte. Après une dépréciation aussi importante, la marge de diminution de sa valeur se réduit. Ajoutons aussi qu'il est souvent intéressant d'adopter une approche " contrariante", c'est à dire à contre-courant de la majorité, surtout si l'on investit dans une optique à moyen ou long terme.

h2 Des rendements élevés avec une « AAA »/h2

Pour l’investisseur qui serait dans une telle optique, nous avons épinglé l’obligation 2021 de la Banque européenne d’investissement. Sur base d’un cours actuel de 98% du nominal, elle permet de tabler sur un rendement à l’échéance de près de 10%.

L'obligation remboursable en 2022 par la Banque Mondiale offre un rendement similaire.

Ces deux émissions bénéficient d’un rating « AAA » chez Standard & Poor’s, la note suprême sur l’échelle de notation de l’agence. Le risque lié à ce placement est donc porté essentiellement sur l'évolution de la TRY, la qualité de crédit de l'émetteur étant la plus solide possible.

Gardons à l'esprit que ce type de rendement peut être considéré par certains comme offrant un "coussin" suffisant en cas de dépréciation de la devise. A chacun bien sûr de faire sa propre opinion sur le sujet.