La semaine en zone euro: Retours de Commission

 | 24/02/2013 13:16

Les indicateurs de conjoncture disponibles pour le mois de février ont été mitigés en zone euro. Mais, globalement, ils n’invalident pas l’amélioration de janvier. Tirés par l’Allemagne, les Dix-Sept
pourraient avoir entamé 2013 sur un trimestre de croissance nulle ou peu s’en faut, mettant ainsi fin à une période de contraction de l’activité qui aura duré quinze mois.

Confirmation du rebond allemand

Dans le détail, l’indice PMI composite des directeurs d’achat calculé par la société Markit cède 1,3 point. A 47,3 en février (contre 48,6 en janvier) il indique toujours une récession, mais sans certitude. Il ne repose que sur les enquêtes menées en Allemagne et en France, pays dont il sous-estime l’activité depuis quelque temps. Son recul s’observe essentiellement dans les services,alors que le climat des affaires dans l’industrie, réputé en avance dans le cycle, continue de s’améliorer. De ce point de vue, le PMI est cohérent avec les données nationales, comme celles de l’Insee en France, ou de l’institut munichois IfO en Allemagne. Celles-ci n’ont pas pour seul avantage de s’appuyer sur un panel d’enquêtes plus large ; elles collent aussi mieux à l’activité. En février, les perspectives personnelles des chefs d’entreprise français ont délivré un signal encourageant dans l’industrie, le premier depuis de nombreux mois (graphique).

En Allemagne, l’IfO, un bon indicateur de la conjoncture, surprend une nouvelle fois à la hausse et confirme le rebond. Son niveau (107,4 en février) est compatible avec un taux de croissance qui reviendrait dans la zone des 2% à 3% (en rythme annualisé) à l’approche du printemps 2013. Surtout, sa composante « anticipations » s’améliore franchement et indique la poursuite de l’embellie.

2012 pèse sur les comptes de la Commission…

On sait, néanmoins, que le redémarrage allemand ou la stabilisation française interviennent après une contraction sévère de l’activité fin 2012. Au dernier trimestre, le PIB de la zone euro a chuté de 2,3% en rythme annuel, un « trou d’air » qui sera long à récupérer et dont 2013 portera la trace. Aussi les prévisions de la Commission européenne, qui viennent d’être actualisées, n’ont-elles rien d’euphorique. D’abord prévu en hausse de 0,1%, le PIB de 2013 est maintenant supposé se contracter de 0,3%, une révision qui tient précisément à l’héritage des mauvais chiffres de 2012. La Commission justifie aussi d’une reprise très graduelle, soulignant la contrainte de désendettement qui pèse sur la consommation et l’investissement. Dans un premier temps, l’amélioration des conditions financières observée depuis l’été dernier et la reprise du commerce mondial plaident pour un rebond tiré par la demande extérieure. Un diagnostic de reprise molle, donc, mais qui pourrait évoluer si les tendances décrites plus haut se confirment en Allemagne. Celle-ci n’est créditée dans les comptes de la Commission que d’un modeste +0,5% de croissance en 2013, notre propre estimation étant plus proche de 1%.

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France, croissance zéro et déficit public à 3,7% du PIB

Concernant la France, la Commission a revu sa prévision de croissance pour 2013 à 0,1% contre 0,4% à l’automne. Le ralentissement de l’activité engendre mécaniquement un dérapage budgétaire. Le déficit public, attendu à 3,7% du PIB, voit sa composante cyclique se dégrader de manière plus importante (-0,5 point de PIB contre -0,3) tandis que l’effort structurel de consolidation est toujours estimé à 1,3 point de PIB. Pour 2014, la Commission prévoit une croissance de 1,2%, comme à l’automne, et un déficit public de 3,9% du PIB. Si la France devait obtenir un an supplémentaire pour retourner dans les clous de Maastricht, il lui faudrait alors engager un effort de consolidation au moins égal à 0,9 point de PIB en 2014.

La présentation des prévisions d’hiver est une première. Jusqu’à présent, la Commission se limitait à deux exercices de prévision par an, à l’automne et au printemps. L’instauration d’une nouvelle publication s’inscrit dans la refonte de la gouvernance européenne entreprise depuis le début de la crise des dettes souveraines. Dans le cadre du Semestre européen, les négociations entre les Etats membres et la Commission sur la résorption des déficits excessifs commencent dès janvier et se finissent à l’été, laissant ensuite place au semestre national, au cours duquel les projets de loi de finances sont finalisés et votés.