La réunion de la Fed ne justifie pas un abaissement des taux en urgence

 | 28/01/2015 15:11

La Fed rendra son verdict aujourd'hui à l'issue de sa réunion de deux jours. Nous ne nous attendons pas à une réorientation majeure de sa position. Le comité conservera probablement un ton prudent quant à la date du premier relèvement des Fed Funds. Compte tenu de la glissade des prix du pétrole, des craintes liées à la croissance économique mondiale et des politiques monétaires ultra-expansionnistes menées à l'étranger, la Fed n'a aucune raison de se précipiter vers un resserrement. "Patience" est un terme fréquemment employé dans les prévisions/paris entourant la Fed. Le FOMC mentionnera certainement les avantages de la chute des cours de l'or noir pour les Etats-Unis et la croissance économique mondiale, ainsi que la diminution de la sous-utilisation des capacités sur le marché du travail américain. L'environnement de basse inflation continuera sans nul doute de faire obstacle à une hausse des taux, mais le comité devrait prendre soin de ne pas se focaliser sur le recul de l'IPC, afin d'éviter des retombées potentielles sur les perspectives d'inflation et donc d'enclencher une spirale désinflationniste. Si les marchés espèrent toujours voir la Fed entamer le resserrement en juin 2015, un report à septembre 2015 paraît de plus en plus probable.

La courbe des Treasuries US s'aplatit, la baisse des rendements en zone euro et au Japon alimentant les pressions baissières, notamment sur le segment long. Les taux US à 10 ans restent sous 2%, tandis que l'indice DXY redescend de ses plus hauts de 11 ans.

Turquie : une réduction des taux en urgence n'est pas indiquée

La déception des responsables politique devant la réduction de 50 points de base du taux repo de référence réalisé lors de la réunion tenue le 20 janvier par le MPC fait certainement pression sur la banque centrale turque. Cette dernière semble préparer le terrain à une nouvelle baisse des taux. Les attentes officielles d'inflation ont en effet été ramenées de 6.1% à 5.5%, tandis que l'IPC 2015 devrait être en ligne avec l'objectif de 5% de la CBT.

Le gouverneur de la banque centrale Erdem Basci a donc évoqué la possibilité de convoquer une réunion anticipée de politique monétaire après la publication de l'IPC la semaine prochaine (le 3 février), ajoutant que la tenue de cette réunion exceptionnelle dépendrait également de la décision de la Fed et des volatilités de l'euro. "Si l'inflation baisse de plus d'un point de pourcentage, il faudra peut-être procéder à une évaluation" avant la réunion régulière du MPC prévue le 24 février. "Le 24 février est loin".

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Depuis mi-2014, l'IPC brut de la Turquie, pays à forte dépendance énergétique, a reculé de 9.66% pour atteindre 8.17% a/a en décembre, parallèlement à la chute de plus de 50% des prix du pétrole, ce qui a ramené l'IPC sous-jacent (hors alimentation et énergie) de 9.75% à 8.73% a/a. C'est un vrai coup de chance pour le gouvernement et le comité de politique monétaire, car nul ne s'attendait à un tel choc sur le marché pétrolier, qui a miraculeusement stoppé la surchauffe de l'inflation avant le franchissement des 10% au premier semestre 2014. Rappelons par ailleurs que les responsables politiques cherchaient d'autres modes de calcul de l'inflation pour apaiser les tensions haussières artificiellement (!). Une chose est claire : une fois l'effet pétrole terminé, la Turquie devra faire face à ses fondamentaux idiosyncratiques, qui n'appellent pas, selon nous, à un assouplissement, et encore moins à une action d'urgence.

Les obligations turques se traitant à des taux équivalant à des rendements réels négatifs pour l'instant, nous nous trouvons sous le point mort d'inflation, même si l'IPC vient confirmer la désinflation lors de sa publication le 3 février. Les obligations d'Etat à 2, 5 et 10 ans ont un rendement de 6.59%, 6.75% et 6.84%. Même en cas de baisse de l'inflation d'un point de pourcentage, une diminution des taux ne se justifie guère en termes réels et devrait être perçue comme une erreur d'appréciation au vu de la réaction négative de la TRY dans la foulée du discours de M. Basci hier. En outre, les investissements turcs sont exposés à des risques politiques avant les élections de mi-2015, ce qui devrait amener le marché à rejeter tôt ou tard un cadre rendement réel zéro / prime de risque zéro ! Une initiative surprise pourrait donc propulser l'USD/TRY vers des sommets records à 2.40/2.4146.