Iran, Venezuela et Pétrole: L'enjeu des sanctions américaines

 | 08/05/2019 09:16

Dans le monde des sanctions pétrolières, le gouvernement Trump aime penser qu’il a déjà gagné une bataille et triomphera bientôt dans une autre.

Mais alors que Washington récompense, mercredi un général qui a rompu les rangs du régime vénézuélien que la Maison-Blanche tente de déloger, l'Iran s'apprête à annoncer un retrait partiel d'un accord sur le nucléaire qui avait été salué par les puissances mondiales, renversant potentiellement ces gouvernements contre les Etats Unis.

Il est encore trop tôt pour avoir une idée précise de l’impact de la réduction des engagements de Téhéran dans l’accord de 2015 sur le nucléaire, que le président américain Donald Trump a déchiré il y a exactement un an, avant d’imposer des sanctions aux exportations de pétrole iranien. La France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la Chine et la Russie - les autres signataires de l’accord hérité de la précédente administration Obama - ont félicité l’Iran d’avoir honoré les engagements qu’ils avaient pris jusqu’à présent malgré les actions de Trump.

Mais Téhéran est également devenu frustré par le manque de soutien des puissances mondiales envers la République Islamique dans sa bataille contre Trump, ainsi que par l’échec de ses homologues européens dans la création d’un nouveau mécanisme financier viable permettant aux entreprises européennes de continuer à échanger des biens, tels que les médicaments et les biens humanitaires avec le pays et l’aider à contourner les sanctions secondaires imposées par les États-Unis.

h3 Retrait partiel de l’engagement nucléaire, la meilleure chance de l’Iran?/h3

Avec seulement la Chine se dréssant contre Trump, et la Russie restant un allié mais centré sur sa propre industrie du pétrole, l'administration Hassan Rouhani estime que le retrait partiel de l'accord de 2015 lui donnera une chance de persuader les grandes puissances mondiales de batailler auprès d'elle contre les États-Unis. Il s'agit sans aucun doute d'un geste calculé, car ses conséquences - impliquant un Iran capable d'enrichir de l'uranium pour construire à nouveau des armes nucléaires - seraient redoutées par toutes les parties impliquées.

L’administration Trump, bien sûr, va en profiter pour justifier sa décision d’annuler l’accord nucléaire. Les opposants à l'Iran dans l’administration, en tête le conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, se réjouiront de l’opportunité de pouvoir accentuer les actions contre le gouvernement de Rouhani. Et quelques puissances mondiales pourraient en fait l’approuver. Le Guardian rapporte que la France envisagerait des sanctions économiques si l'Iran procédait comme menacé.

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Pourtant, l’Iran a peut-être déjà conclu un accord avec la Russie pour l’aider à survivre. Simon Watkins, chroniqueur à Oilprice.com, a déclaré que l'accord prévoyait que la Russie verse 50 milliards de dollars par an à Téhéran, au moins en échange d'une préférence dans le secteur pétrolier et gazier iranien, et un renforcement de la coopération militaire. Les entreprises russes jouiraient également d’une autonomie totale en tant que développeurs de pétrole et de gaz à Téhéran - y compris une explication complète sur la quantité de pétrole produite dans chaque champ et quand, à qui et à quel prix il devrait être vendu.

h3 L’allégement des sanctions pour les hommes de Maduro fonctionnera-t-il au Venezuela?/h3

Avec le Venezuela, Trump a peut-être encore plus de chances d’atténuer la crise pétrolière mondiale si les allégements des sanctions et autres immunités accordées par Washington aux lieutenants du président sortant Nicholas Maduro s'accentuaient.

RBC Capital a déclaré dans une note la semaine dernière qu'un départ soudain de Maduro et sa transition vers le gouvernement réformiste dirigé par Juan Guaido donneraient le ton à une reprise rapide de l'économie vénézuélienne.

Avec une telle transition, les États-Unis annuleraient immédiatement les sanctions bilatérales, notamment en retirant la société pétrolière nationale PDVSA des restrictions imposées par l’Office of Foreign Assets Control, et dirigeraient les efforts internationaux visant à rétablir les relations de la nation avec le FMI et la Banque Mondiale.