Incertitudes mondiales : CHF et JPY sous pression

 | 06/07/2016 13:49

La bataille des valeurs refuges (par Arnaud Masset)

Les marchés financiers ont ajusté de façon classique dans le sillage du référendum britannique, autrement dit, les investisseurs se sont détournés du risque pour rechercher la sécurité. Sur le marché des changes, il en est résulté une forte augmentation de la demande de francs suisses et de yens japonais, les deux valeurs refuges par excellence, tandis que la livre sterling, la monnaie unique et toutes les devises matières premières se sont repliées. Toutefois, depuis mi-juin, le swissie et le yen se comportent différemment.

Historiquement, la corrélation entre le CHF/USD et le JPY/USD se situe entre 0.4 et 0.6 (cela concerne la corrélation hebdomadaire, bihebdomadaire et mensuelle), mais depuis le vote pro-Brexit, la dynamique entre les deux monnaies refuges a considérablement changé. Elle est passée en négatif – à environ -0.40 en moyenne -, ce qui implique que le franc a perdu un peu de son statut de refuge. Reste à savoir pourquoi.

Il semble que cela tienne aux banques centrales. L'une des deux institutions a réussi à intimider les traders, alors que l'autre a perdu sa crédibilité. Après la décision des Britannique de quitter l'UE, la BNS a annoncé être intervenue sur le marché des changes et a prévenu qu'elle continuerait de le faire pour empêcher une nouvelle montée du franc. Quelques jours plus tard, le swissie a renoué avec ses niveaux pré-Brexit. En revanche, le yen a continué de s'apprécier massivement face à toutes les devises. Ce matin, le CHF a cédé 0.20% face au dollar. Le yen, lui, a bondi de 0.70%, ce qui montre clairement que la corrélation est à présent négative. Cela laisse penser que quoi que la BoJ fasse pour dévaluer le yen, le marché ne mordra pas à l'hameçon, comme ce fut le cas en janvier dernier lorsque la BoJ a adopté les taux négatifs et que le yen a pris 4% en moins de trois jours. La BNS paraît donc avoir réussi à préserver sa crédibilité, contrairement à la banque centrale nipponne qui devra maintenant faire face seule au nombre croissant d'investisseurs désespérément en quête de solutions pour protéger leurs capitaux.

Les mesures de la BNS seront-elles suffisantes ? (par Yann Quelenn)

La banque nationale suisse dilate son bilan afin d'atténuer les pressions haussières sur le franc. Le montant total des avoirs à vue a nettement progressé lors de la semaine close le 1er juillet. Il est passé de 6.3 milliards CHF à 507.5 milliards en une seule semaine après le Brexit. La taille du bilan – plus de 100% du PIB annuel helvétique - nous paraît inquiétante. Le rythme de l'augmentation n'avait plus été aussi rapide depuis l'abandon de l'ancrage en janvier 2015.

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Nous craignons que la politique des taux négatifs et les interventions de change ne soit pas suffisantes pour soulager les pressions suscitées par les conditions économiques et de marché incertaines. Le CHF continuera probablement à souffrir de son statut de valeur refuge traditionnelle. Il reste largement surapprécié et les pressions déflationnistes devraient persister. Nous ne pensons pas que la politique monétaire actuelle entraînera une hausse de l'inflation.

La BNS se tient également en alerte face aux développements touchant l'UE, et plus particulièrement au risque d'un éclatement de l'Union. Cette possibilité monte en puissance. La Finlande vient de lancer une pétition sur une sortie de l'Europe. La BNS pourrait prendre des mesures de plus grande envergure pour protéger la monnaie et l'économie du pays.

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