France - Récession certaine, reprise incertaine

 | 04/07/2013 16:17

Le fil rouge de la récession

La récession a fini par rattraper la France. Le PIB a, en effet, reculé deux trimestres de suite, au quatrième trimestre 2012 et au premier trimestre 2013, de 0,2% t/t à chaque fois, satisfaisant ainsi à la définition technique de la récession. Après deux années de reprise (2010 et 2011), une année de stagnation (2012), l’intermède aura été de courte durée depuis la « grande récession » de 2008-2009. Le PIB avait alors chuté de plus de 3%. Par comparaison, la récession en cours est d’ampleur limitée. Au premier trimestre 2013, le PIB n’accuse qu’une baisse de 0,4% en glissement annuel et elle ne donne pas de signes d’accentuation. La contraction de l’activité est également bien moins sévère qu’ailleurs dans les autres pays de la zone euro.

La récession de l’hiver 2012-2013 aura été principalement alimentée par la baisse de l’investissement, privé comme public, productif comme résidentiel (contribution négativemoyenne de 0,2 point). La consommation des ménages a aussi pesé sur la croissance au premier trimestre (à hauteurde 0,1 point) mais après deux trimestres de légère hausse. Variations de stocks et commerce extérieur se sont à peu près neutralisés, comme c’est souvent le cas.

La détérioration marquée du marché du travail (baisse de l’emploi de 0,7% sur un an, hausse du chômage de 0,9 point, à 10,8%) est parfaitement en ligne avec la rechute de l’activité.Et cette situation n’est pas près de s’améliorer. En effet, nous nous attendons à ce que la reprise soit tirée par les gains de productivité nécessaires au redressement des entreprises. Une reprise de l’emploi n’est donc pas anticipée avant la mi-2014 et le taux de chômage devrait continuer de monter au moins jusque-là, pour atteindre 12%, un nouveau record historique. Quant aux différentes mesures en faveur de l’emploi (contrats aidés classiques, emplois d’avenir, contrats de génération, plan d’action sur les offres d’emplois non pourvues), elles peuvent freiner la montée du chômage mais elles ne sont pas en mesure de la stopper.

Le fil ténu de la reprise
La contraction limitée du PIB est également frappante au regard de la détérioration prononcée des enquêtes PMI et INSEE sur le climat des affaires. Sur les premiers mois del’année, les données d’activité ont surpris favorablement tandis que les enquêtes de confiance ne donnaient pas les signes d’amélioration attendus. Cet écart peutrésulter d’une surestimation de la croissance comme d’une sur-réaction à la baisse des enquêtes. Par le passé, de tels décalages ont fini par être comblés par la révision en baisse de la croissance. Les chiffres actuels sont donc susceptibles de subir le même sort. En même temps, le redressement des enquêtes depuis le printemps contribue aussi à réduire l’écart et tend à validerl’hypothèse d’un pessimisme excessif, notamment des PMI.