Fin du floor CHF et début du QE EUR

 | 22/01/2015 09:51

Bonjour à toutes et à tous,

A quelques heures du prochain discours de Mario Draghi rendant public les détails du QE européen mis en œuvre prochainement par la BCE et une semaine après l’annonce surprise de la BNS, par la voix de Thomas Jordan son directeur, d’abandonner le cours plancher 1,20 sur la paire EUR/CHF, les cours de l’Euro-Dollar semblent avoir trouvé dès lors un nouvel équilibre dans un range horaire 1,1450 / 1,1650.

Mais ne nous y trompons pas cette situation est extrêmement fragile, et les révélations toutes récentes du WSJ concernant un montant probable de 50 Mds d’euros mensuel de rachat d’actifs par la banque centrale est venu hier de nouveau chahuter les cours.

Des plateaux helvétiques longs de trois ans s’achevant en un instant dans la surprise la plus générale par une dégringolade brutale dans la vallée, des ranges d’attentes entre deux discours de banquiers centraux entrecoupés de secousses réagissant à la moindre rumeur, des stratégies européennes annoncées puis repoussées maintes et maintes fois mais désormais plus que pricées dans les cours, la fougue des faucons britanniques qui s’estompe, sans oublier les plans d’actions yankees suivis de résultats appréciables, appréciant la monnaie déjà la plus appréciée pour les transactions du monde, des flèches japonaises décochées qui, à l’inverse, saturent la dépréciation locale tant souhaitée et en toile de fond une monnaie du peuple qui se prépare, jalon après jalon, à prendre son envol pour flotter au-delà de la grande muraille qui l’encadre ; si un gimmick est toujours d’actualité sur le Forex c’est bien celui de « guerre des monnaies » et nous sommes au cœur de sa bataille principale depuis quelques mois...

Prenons pour exemple la dernière offensive suisse, les jours précédents l’annonce surprise de la BNS cette dernière assurait encore et sans aucune réserve qu’elle défendrait mordicus le cours plancher auquel elle a si longuement habitué le marché. Ce retournement instantané de politique, sans coordination, sans signaux avant-coureurs et in fine sans la moindre préparation des esprits lui a permis certes de sauvegarder ses propres intérêts en évitant de subir des anticipations spéculatives qui auraient dès lors été massives et certainement difficilement tenables, mais à quel prix ? Au prix d’une politique monétaire de terre brulée !

Car si la BNS s’en sortira, et avec brio puisqu’elle bénéficiera d’une rémunération supplémentaire de 50 points de base des dépôts sur sa monnaie qui reste toujours une des plus prisée au monde, c’est davantage l’économie de la confédération qui en pâtira. En effet le choc d’une hausse brutale d’environ 20% des produits à l’export devra être absorbé par le secteur marchand. S’il est vrai que le PIB par habitant suisse est plus que confortable, il est nécessaire de le relativiser, car d’une part un nombre non-négligeable de non-habitants participent à la constitution de ce PIB tandis que dans le même temps une certaine partie de ce même PIB est faite par des entités économiques ayant fait le choix d’une localisation de confort de leur siège. En d’autres termes un numérateur plus important qu’il ne devrait l’être si toutes les choses étaient réellement égales par ailleurs divisé par un dénominateur amoindri tend évidemment à faire de ce pays officiellement le quatrième au rang mondial des PIB par habitant, comparaison faites évidemment en USD et en Parité de Pouvoir d’Achat, devant le Luxembourg, le Quatar et la Norvège, trois autres situations tout autant artificielles dans leur domaine.

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Depuis les récentes concessions du pays de mettre fin au secret bancaire pour Monsieur Tout le monde, en contrepartie de la sauvegarde de son cœur de métier à destination des clients les plus importants, la confédération filait déjà un mauvais coton, c’est pourquoi le récent coup de massue induit par l’appréciation instantanée du Franc suisse n’augure rien de bon pour la suite de son business model.

Le graphique EUR-CHF en bougies mensuelles ci-après montre l’ampleur de la situation :