Espagne, Portugal: Quel chemin vers la reprise ?

 | 21/06/2013 18:40

Après deux ans de récession, l’activité pourrait reprendre en Espagne et au Portugal entre la fin de cette l’année et le début de l’année 2014. Pour ces deux économies la contraction du PIB a ralenti au premier trimestre 2013. L’atténuation de la récessiondevrait se confirmer au cours des deuxième et troisième trimestres :même si elles se situent toujours en zone de contraction de l’activité, les données d’enquêtes de la Commission européenne sur le climat des affaires montrent un redressement tendanciel (voir graphique). Une question se pose alors. D’où viendra la croissance ?

La récession en Espagne et au Portugal résulte pour l’essentiel du resserrement budgétaire. En 2011 et 2012, la réduction cumulée du déficit structurel a atteint 2,0 points en Espagne et 4,6 points au Portugal. En conséquence, la demande intérieure (hors stocks) a chuté : -8,2% en Espagne et -14,1% au Portugal du T4 2010 au T4 2012 pour des baisses d’activité respectives de 1,9% et 6,8%. Dans les deux pays, la contribution du commerce extérieur a étéfortement positive, mais insuffisante pour empêcher la récession.

Par ailleurs, la contribution du commerce extérieur vient aussi pour partie de la hausse des exportations. Entre le T4 2010 et le T4 2012 celles-ci ont, à elles seules, ajouté 2,5 points à l’activité espagnole et 1,9 point à l’activité portugaise. Ces bonnes performances sont le fruit des efforts réalisés depuis 2010 pour regagner en compétitivité. Mais leur poursuite repose avant tout sur la vigueur de la demande extérieure. La reprise de l’activité dépendra finalement de la conjoncture mondiale et, en particulier, de l’activité en zone euro. L’Union monétaire absorbe environ 60% des exportations portugaises et 50% des exportations espagnoles. Si la situation demeure difficile aujourd’hui, la forte intégration commercialepourrait, néanmoins, accélérer la reprise. De la même manière que la synchronisation des politiques d’austérité en zone euro en a accentué les effets récessifs, leur ralentissement simultané2 pourrait libérer une nouvelle demande européenne rapidement entretenuepar le jeu des multiplicateurs.

Enfin, pour être durable et soutenu, le rebond de l’activité ne pourra pas reposer uniquement sur l’extérieur. Bien qu’en forte baisse depuis le début de la crise, la consommation des ménages représente toujours plus de 60% du PIB en Espagne et au Portugal. L’enjeu sera donc de recréer rapidement des emplois. A cet égard, les réformes de flexibilisation du marché du travail de 2011 et 2012 pourraient finalement porter leurs fruits. Mises en œuvre en pleine crise, elles ont contribué à accentuer la chute de l’emploi mais ont aussi donné davantage de flexibilité et de maîtrise des coûts aux entreprises qui ont augmenté taux de marge et capacité d’autofinancement. En faisant converger productivité du travail et salaire réel, les réformes ont aussi accru les incitations à l’embauche. Pour cela il faut, toutefois, un minimum de demande anticipée et donc de croissance (autour de 1,5%) et de crédit. Une situation qui n’arrivera probablement pas avant 2015.