Elections britanniques : Un vote qui peut surprendre les marchés

 | 07/06/2017 14:52

Par Clement Thibault

La décision de la première ministre Theresa May en avril, d’appeler à une élection en juin semblait être une bonne tactique sur le moment. La première ministre, qui a été désignée plutôt qu’élue, visait à acquérir davantage de siège au parlement, et à renforcer sa légitimité. Les Tories conservateurs, avec May en tête, menait la course de près de 18 points lors des premiers sondages, avec 43,2% contre 25,4% pour le parti d’opposition.

Depuis, en revanche, le parti des travaillistes a progressé. Alors que le soutien pour les conservateurs demeure consistant, la popularité du parti travailliste a cru de 11 points au cours du dernier mois et demi, laissant à May une marge d’erreur de seulement 7 pourcent. Mais en politique, comme dans la vie, rien n’est jamais certain avant le décompte des votes, comme nous l’a montré le dénouement surprise en juin lors du vote pour le Brexit, suivi par l’élection inattendue de Donald Trump en novembre dernier, lors de l’élection présidentielle américaine.

Etant donné que May représente le status quo, si elle remporte l’élection, peu de choses changeront. Un Brexit difficile sera toujours d’actualité et les marchés seront rassurés par la stabilité que sa victoire représenterait.

Mais que se passerait-il si le parti travailliste de Corbyn remporte l’élection ?

Renversement du Brexit ?

Une victoire du parti travailliste ne signifie pas que le Brexit sera annulé. La sortie de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne a été initiée par un referendum, donc hormis si le parti travailliste gagne plus de 50% des votes, il ne pourrait remettre en cause le Brexit. Deux jours après que May ait annoncé l’élection, Corbyn a exclu un second referendum pour le Brexit, signalant qu’il est peu probable que le pays tente de renverser le processus de Brexit.

Même si la Grande-Bretagne souhaitaient stopper le processus, le cadre légal et politique de la discussion est peu clair, et dépendrait autant (si ce n’est plus) de l’UE que de l’Angleterre.

Ce que les travaillistes ne pourront absolument pas contrôler s’ils gagnent, c’est bien la sortie de l’Union Européenne. Sir Keir Starmer, le négociateur principal du parti en cas de victoire, a récemment attaqué l’approche de May quant aux négociations, déclarant :

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« Elle a réellement écarté de nombreuses options qui se présentaient à nous, et fait preuve d’un caractère agressif avec nos collègues de l’UE. »

Les travaillistes tenteront d’obtenir un accord permettant à la Grande-Bretagne de conserver un accès libre au marché, tout en limitant l’accès à son propre territoire. Il est en revanche peu probable que l’UE accepte ces termes-là.

Comment un changement d’approche impacterait les marchés ? La seule certitude est l’incertitude.

Une livre affaiblie

L’incertitude est toujours néfaste pour les marchés, peu importe l’actif dont il est question. Elle l’a toujours été et le sera toujours.

Car l’incertitude signifie qu’il faut se reposer sur l’inconnu, ce qui suscite l’inquiétude et la peur auprès des investisseurs. Il n’est pourtant pas difficile de prédire une augmentation de la volatilité, au moins sur le court terme.