Du rififi chez Air France-KLM

 | 05/03/2019 12:42

Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr

Inattendue, la décision de l’Etat néerlandais de monter au capital d’Air France-KLM (PA:AIRF) a totalement rebattu les cartes sur ce dossier et ouvert une nouvelle période d’incertitudes.

Comme l’expliquait mon confrère Guillaume Duhamel dans ces colonnes la semaine dernière, Paris a eu bien du mal à cacher son exaspération devant la manière dont a procédé l’exécutif batave, même si les ministres des Finances des deux pays ont depuis lors tenté de calmer le jeu en indiquant de concert vouloir faire du transporteur franco-néerlandais la compagnie la plus performante du monde.

Dans l’immédiat, cette opération laisse supposer que l’Etat français ne montera pas au capital et que les positions actionnariales resteront figées. Elle n’en soulève pas moins de nombreuses interrogations de fond, notamment concernant l’attitude des deux autres compagnies aériennes détentrices d’une participation dans Air France-KLM, à savoir China Eastern Airlines et Delta Airlines, lesquelles sont actuellement propriétaires de 8,8% des actions chacune et n’ont pas encore réagi à ce qu’il est convenu d’appeler un raid boursier…

Air France est aujourd’hui beaucoup moins rentable que KLM
Si on regarde les droits de vote, l’Etat français demeure majoritaire avec 22,7%, devant l’Etat néerlandais (12,2%), et China Eastern Airlines et Delta Airlines (7,5% chacune), mais toutes les options sont envisageables, d’autant que lorsqu’on se plonge dans les comptes d’Air France et de KLM, la seconde est nettement plus rentable que la première… La marge opérationnelle de la compagnie néerlandaise est ainsi ressortie à 9,8% l’an passé, alors que celle de son homologue française n’a atteint que 1,7%.

Dans ce contexte, un renversement des alliances avec au bout du compte une prise de contrôle de KLM, aidée par China Eastern Airlines et Delta Airlines, ne peut être exclu.

Au global, les similitudes avec « l’affaire » Renault-Nissan sont troublantes, à ceci près qu’il n’y a évidemment pas de passage par la case prison dans ce cas de figure. Reste qu’il est fort probable que les accords conclus le 16 octobre 2003 seront revus de fond en comble, en particulier sur le plan de la gouvernance.

Quelle sera l’attitude de Benjamin Smith, sachant que c’est sans doute sa décision autour d’une énergique reprise en main des deux compagnies – en sus de relations très tendues avec Pieter Elbers, président du directoire de KLM dont il aurait un temps souhaité se séparer – qui a déclenché l’ire de La Haye ?

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