Draghi laisse présager une nouvelle action

 | 25/08/2014 15:39

Le président de la Banque centrale européenne s'est montré ultra-accommodant (volant la vedette à Janet Yellen), en assurant que des mesures seraient prises si l'inflation continuait de glisser. Mario Draghi a reconnu que les attentes d'inflation en zone euro avaient baissé. Il a indiqué que "le Conseil des gouverneurs prendrait en compte ces développements et utiliserait tous les instruments à sa disposition pour veiller à la stabilité des prix à moyen terme, conformément à son mandat". Les éléments nouveaux intervenus cette semaine ont encore notre opinion selon laquelle l'euro va continuer de se déprécier à moyen terme. Le rythme de la désinflation s'est accru malgré la mise en place de taux d'intérêt négatifs par la BCE. L'IPC brut de juillet est ainsi ressorti à 0.4% contre 0.5%, prolongeant la tendance baissière enclenchée en octobre 2011. Côté croissance, le PIB s'est établi à 0.0% au deuxième trimestre. Les économies de l'Italie et de l'Allemagne se sont contractées, tandis que la France s'est maintenue à 0.0%. Curieusement, le moteur de la croissance européenne a été sauvé par les performances de la périphérie (dont les chiffres sont cependant faussés par un premier trimestre extrêmement faible). Les indicateurs prospectifs ne sont pas plus encourageants. Le PMI composite de la zone euro s'est contracté à 52.8 contre 55.7 en juillet. S'il reste au-dessus du seuil des 50, le fléchissement des PMI nationaux indiquent qu'un nouvel affaiblissement est à prévoir. Et dans un cercle vicieux, un ralentissement de la croissance accroîtra le rythme de la désinflation. Le patron de la BCE a affirmé lors de sa conférence de presse d'août que la BCE était prête à tout faire pour lutter contre la désinflation. Selon nous, les données européennes ont franchi la ligne jaune. Depuis l'annonce de nouvelles mesures de stimulation lors de la réunion de juin de la BCE, les vents contraires à la reprise n'ont cessé de s'amplifier. Tout comme les propos sur le relèvement de l'inflation…. La BCE souhaite manifestement disposer de plus de temps pour évaluer les retombées des mesures déjà mises en œuvre, mais un nouveau report intensifierait probablement la complexité de la situation. M. Draghi nous a habitués à des prises de décision majeures à point nommé et il ne devrait pas nous décevoir. La nature exacte de l'action fait toujours débat, mais il est certain que la position accommodante de l'institution francfortoise va s'accroître et se prolonger. D'après nous, l'imminence d'un geste de la BCE alimentera l'affaiblissement de l'euro, surtout face au dollar et à la livre sterling.

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Baht thaïlandais

Le baht thaïlandais s'est replié lorsque le dollar a commencé à monter face aux devises émergentes à haut rendement. Il a en outre été pénalisé par l'annonce de l'élection du chef de la junte Prayuth Chan-Ocha au poste de Premier ministre, votée à l'unanimité par l'assemblée législative, un coup dur pour la démocratie. Cela dit, compte tenu de la stabilité ramenée par le gouvernement militaire, la demande intérieure a enregistré un fort rebond de 10.8% t/t. La Thaïlande a annoncé que le PIB du deuxième trimestre s'était accru de 0.4% a/a, contre 0.0% de consensus de marché, effaçant en partie la contraction de -0.5% accusée au premier trimestre. Les exportations ont également contribué à la croissance (aidées par la compression des importations). On note en outre une reprise des investissements et un regain de la confiance des consommateurs. Si la demande est nettement inférieure à son pic de 2012, l'interdiction des manifestations anti-gouvernementales a permis au commerce de reprendre son cours. La production manufacturière restera sans doute faible, mais les gains du secteur des services devraient permettre un nouveau redressement de la croissance. Dans les mois à venir, il est probable que le climat des affaires et la confiance des consommateurs s'amélioreront et que le tourisme lucratif fera son retour (surtout après la suppression du couvre-feu). La Banque de Thaïlande (BoT) anticipe une croissance de 1.5% en 2014, ce qui semble possible à en juger par les chiffres communiqués hier. Enfin, le MPC de la BoT en a probablement terminé avec son cycle d'assouplissement et pourrait conserver des taux à 2.00% contre 3.50% précédemment. Le ton du communiqué de politique monétaire était neutre : "La politique monétaire accommodante actuelle reste appropriée pour soutenir la reprise économique". Elle restera sur la même voie pour "compléter les efforts de réforme du gouvernement visant à stimuler le potentiel de croissance économique". Aidé par un rythme de croissance supérieur à celui de ses rivaux et un regain de confiance des investisseurs dans le renforcement du bilan national, le THB pourrait poursuivre sa reprise.