Des chiffres mensuels de l’emploi américain pourtant peu reluisants

 | 07/10/2019 12:32

Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr

Force est d’admettre que les lois qui régissent les marchés financiers ne s’appliquent pas aux paris sportifs… Même menée par le FC Barcelone 5-0 à dix minutes du coup de sifflet final, une équipe nouvellement promue du championnat espagnol conserverait une cote proche de son prestigieux adversaire jusqu’à la dernière minute au lieu de voir ses chances évaluées à 500 contre 1.

Dans l’univers boursier, après les déceptions engendrées par les ISM manufacturiers et des services, il a suffi de la publication du « NFP » (le rapport mensuel sur l’emploi américain) pour chasser tous les nuages macroéconomiques de la semaine. Les Etats-Unis n’ont pourtant créé que 136 000 nouveaux emplois non-agricoles le mois dernier, un chiffre, une fois n’est pas coutume, conforme aux résultats de l’enquête ADP (PA:ADP) sur l’emploi privé, publiés 48 heures auparavant, mais légèrement inférieur à l’estimation moyenne des économistes, lesquels tablaient sur 140 000 postes.

La bonne surprise provient en fait de la révision à la hausse des chiffres d’août et de juillet à respectivement 168 000 et 166 000, contre 130 000 et 159 000 en premières estimations. Voilà donc 45 000 emplois retrouvés au fond des bases de données, ce qui atteste d’un rythme de 167 000 créations de postes mensuelles durant les deux mois d’été et compenserait une chute de 31 000 le mois dernier.

Prière par ailleurs d’évacuer le fait que le rythme mensuel était proche de 165 000 nouveaux postes par mois en moyenne au cours des huit premiers mois de l’année… et de 235 000 par mois (toujours en moyenne) en 2018.

Vous avez pu lire ici ou là que tout va bien, même à +136 000, puisque 100 000 emplois par mois suffiraient à absorber les « nouveaux entrants » sur le marché du travail. Sauf que ceci constitue une gigantesque ânerie et une mystification statistique dans la mesure où ce calcul se base sur une prise en compte partielle de la population active… dont se retrouve exclus plus de 90 millions d’Américains, d’où ce miraculeux repli de 0,2% du taux de chômage à 3,5% au mois de septembre, un plus bas depuis cinquante ans.

Comme il fallait s’y attendre, Donald Trump s’est empressé de rédiger un tweet triomphal pour s’en attribuer le mérite, lui qui s’est pour partie fait élire en 2016 en dénonçant de prétendus faux chiffres du chômage, « honteusement falsifiés par Barack Obama et le ministère du Travail dont les pseudo-statisticiens avaient gommé sans vergogne près de 100 millions d’Américains qui restaient sans-emplois ».

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Avec lui, tout allait changer et aucun président dans l’histoire n’avait créé autant d’emplois qu’il s’apprêtait à le faire.