Bulle Internet versus bulle des cryptomonnaies

 | 25/08/2017 11:30

Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr

Première parution dans La Quotidienne de la Croissance

Septembre approche à grands pas, cher lecteur, et sans être superstitieux, difficile d’oublier qu’il y a maintenant neuf ans commençait la seconde phase de la crise financière de 2007-2008. La crise des subprime, déclenchée en juillet 2007, se transformait en crise bancaire et financière avec la liquidation de Lehman Brothers et la nationalisation de Fanny Mae et Freddy Mac.

Evidemment, en bons superstitieux, il y a de grandes chances pour que notre niveau d’angoisse atteigne son paroxysme en septembre 2018, au moment de l’anniversaire des 10 ans de la chute de Lehman Brothers. Il serait bien urbain de la part des marchés financiers d’attendre donc encore un an avant de passer en mode krach. En se penchant sur l’histoire de cette crise de 2007 et 2008, l’enchaînement des causes et des signaux prémonitoires saute aux yeux. Evidemment, c’est toujours plus facile – voire flagrant – a posteriori. Et beaucoup plus compliqué a priori.

Je suis sûre que les historiens de la prochaine crise financière jetteront sur elle le même regard que nous posons sur celle de 2007-2008. Tout semble inéluctable, les erreurs sont évidentes, les signes avant-coureurs aussi. Mais quel regard jetons-nous sur la situation actuelle ? Arrivons-nous à avoir assez de recul, de sang-froid, de bon sens pour remarquer les secousses prémonitoires ? L’exercice est compliqué, n’est-ce pas ? Malgré tout, nous pouvons tenter de repérer les bulles en formation, les risques. C’est ce que nous nous efforçons de faire aux Publications Agora – quitte à rabâcher ces histoires de dettes, de marché obligataire, d’inflation, de survalorisation des marchés… et de cryptomonnaies.

Hier, un article du Monde me semblait particulièrement révélateur de la progressive prise de conscience des risques. Cet article résume tout ce que nous vous répétons – parfois ad libitum – des dysfonctionnements et des dangers du système financier actuel : Dans l’histoire des marchés financiers américains, les valorisations boursières n’ont dépassé leur niveau actuel qu’à deux reprises : en 1929, avant la Grande Dépression, et en 2000, quand la bulle Internet était gonflée à son maximum. Deux précédents qui ne sont assurément pas faits pour rassurer…

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[…] Pour l’instant pourtant, la plupart des analystes ne prédisent pas une violente baisse imminente. « Le problème est que les investisseurs n’ont pas d’alternative », explique Emad Mostaque, de Capricorn Capital, un hedge fund britannique. Pour lui, la bulle des Bourses mondiales vient… des banques centrales. Depuis la crise de 2008, celles-ci ont injecté d’énormes quantités de liquidité sur les marchés, et elles ont abaissé leurs taux d’intérêt à presque zéro.

Si cette action est venue sauver une économie mondiale en perdition, elle a des conséquences perverses. Ainsi, depuis 2015, quand l’Etat allemand émet un emprunt sur cinq ans, il le fait avec un taux d’intérêt négatif (actuellement, -0,28%). Les investisseurs paient pour y souscrire ! Je ne poursuis pas plus la citation de cet article car, si vous êtes un lecteur régulier de la Quotidienne, de La Chronique Agora ou de Simone Wapler, vous savez déjà trop bien tout cela. Et vous comprenez notre prudence actuelle devant des marchés qui perdent de l’altitude depuis 15 jours.

▶ Qui a peur de la bulle des cryptomonnaies ?

Une autre bulle retient mon attention : celle sur les cryptomonnaies – Bitcoin, Ethereum, etc. Une bulle qui me fascine. Elle m’en ferait presque oublier la nouvelle bulle des techs qui, en comparaison, fait bien pâle figure. Car oui, les cryptomonnaies sont dans une bulle. Le Bitcoin a gagné 447 999 900% entre sa création, le 5 octobre 2009, et son plus-haut du 17 août dernier. Je vous assure que je ne me suis pas trompée dans les zéros. Depuis le début de l’année – et au moment où j’écris ces lignes – il progresse d’environ 350%. Et entre le moment où je rédige cette analyse et le moment où vous la lirez, il y a de très grandes chances pour qu’il ait pris encore quelques centaines de dollars. D’ailleurs, il y a quelques jours, le Bitcoin est passé, pour la première fois de son histoire, au-delà des 4 000 $. Il a alors marqué un plus-haut historique à 4 480 $.