Allemagne : Merkel triomphe à nouveau

La chancelière allemande Angela Merkel a remporté une très nette victoire hier lors des élections législatives en raflant 41,5% des voix d’après les résultats officiels provisoires. Il s’agit clairement d’une victoire historique puisque c’est le meilleur score de la CDU de Merkel (l’Union chrétienne-démocrate) en plus de vingt ans. Pour autant, la victoire de Merkel reste relative puisqu’elle sera obligée de gouverner avec l’opposition dans les prochains mois.

En effet, la CDU espérait pouvoir gouverner la première puissance européenne via une majorité absolue. Faute d’avoir atteint cet objectif, la chancelière devra négocier avec son rival social-démocrate (le SPD). Là aussi il s’agit d’une mention historique puisque cette situation ne s’était pas produite depuis Konrad Adenauer en 1957. A l’époque, les conservateurs avaient obtenu pour la dernière fois la majorité au Parlement allemand, le Bundestag.

Confiante, Angela Merkel a évoqué hier un « super résultat » en appelant tout de même au calme au sein de ses rangs, dans l’attente des résultats finaux. Loin d’être anecdotique, cette victoire rappelle qu’Angela Merkel est la seule responsable européenne avec le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, à voir survécu à la crise européenne, d’un point de vue politique, contrairement à José María Aznar, Silvio Berlusconi et Nicolas Sarkozy.

Quelle est la position de l’Elysée face à cette victoire partielle ? Hier soir, François Hollande a félicité la chancelière en l’appelant pour assurer que les deux puissances européennes « poursuivraient leur coopération étroite » et « relèveraient les nouveaux défis de la construction européenne ». Pour autant, le Président français espère qu’Angela Merkel soit obligée de gouverner avec son rival (le SPD) dont il est plus proche d’un point de vue politique. Ce parti peut en effet s’apparenter au parti socialiste français.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le SPD revient de loin. En obtenant hier 25,7% des suffrages, il parvient à augmenter de trois points son précédent résultat de 2009 qui constituait son plus bas niveau historique. Peer Steinbrück, son leader, a mené une campagne particulièrement controversée et a exprimé à l’issue de la soirée électorale « Nous n’avons pas obtenu le résultat que nous voulions » avant de préciser que son parti devait rester dans l’opposition.

Selon la chaîne ZDF, la CDU de Merkel obtiendrait 302 sièges au Bundestag sur un total de 606 sièges. La majorité absolue échappe donc à la chancelière de deux mandats ! Pour l’ARD (un autre grand média allemand), la CDU emporterait 295 sièges pour un total de 598 sièges parlementaires. Mais là aussi, la majorité absolue ne serait pas atteignable par la CDU. Précisons à ce sujet que le système électoral allemand est très complexe : le nombre définitif de sièges au Bundestag est variable.

Si Angela Merkel doit ainsi reconnaitre ce bémol qui vient minorer quelque peu sa victoire, c’est en grande partie à cause de son partenaire libéral, le parti FDP. Ce dernier n’a obtenu que 4,8% des voix, ce qui lui empêche de rentrer au Parlement allemand où réunir un minimum de 5% des suffrages est obligatoire. Encore une fois, il s’agit d’un évènement historique puisque le FDP est exclu de la représentation fédérale pour la première fois depuis 1949.

L’une des surprises de cette élection vient notamment de l’AFD (l’Alternative pour l’Allemagne) qui se rapproche précisément de ces 5% en ayant obtenu 4,7% des voix. Cette formation politique appelle au « démantèlement ordonné de la zone euro » entre le Nord et le Sud (dont le France ferait partie …). Ce parti, récemment créé par des économistes allemands, est un réel indicateur du ras-le-bol local quant à la situation européenne actuelle. Enfin, le scénario le plus probable pour les prochains mois repose sur une grande coalition nationale entre la CDU et le SPD, comme entre 2005 et 2009.

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Auteur:: XTB