2 ans et demi et près de 300 milliards plus tard…

 | 22/05/2012 16:23

Il aura fallu deux ans et demi et près de 300 milliards de dollars de fonds FMI/UE pour que les marchés prennent enfin en compte la probable sortie de l’euro d’une Grèce criblée de dettes, scénario qui revient sur la table pour la deuxième fois en six mois. Etonnamment, le récent assombrissement des perspectives hellènes tient davantage à la politique qu’à l’économie. Lors des élections du 6 mai, les Grecs ont exprimé leur réticence à se soumettre aux mesures d’austérité convenues. Leur position n’aurait guère posé problème si leur pays était solvable, mais quelles que soient les assurances des responsables européens sur la poursuite de l’aide tout au long du processus, la Grèce pourrait manquer de fonds d’ici les prochains versements prévus fin juin et début juillet. Malgré le chiffre rebattu des 80 % de Grecs souhaitant rester dans la zone, il semblerait qu’à l’instar des marchés, la population elle-même envisage une sortie de l’UE. Ainsi, à titre d’indicateur, les retraits de plus de 900 millions de dollars des banques grecques intervenus ces deux dernières semaines pourraient laisser penser que, conscients du risque de dépréciation massive de leurs dépôts en euros qu’entraînerait un changement de devise, les Grecs ont décidé de retirer leurs fonds pour les placer ailleurs. Selon de nombreux opérateurs, une telle pression sur les liquidités est du ressort de la Banque centrale européenne, qui devrait se préparer à inonder les marchés hellènes compte tenu du tarissement du crédit interbancaire. Nous pensons toutefois qu’un soutien de la BCE aux banques périphériques pourrait ne pas avoir l’effet souhaité, en ce qu’il contribuerait à dissimuler de nouveaux retraits importants. Les craintes autour des événements grecs sont nourries par le risque de contagion à des pays tels l’Espagne ou le Portugal, en butte à de grosses difficultés de liquidités.

A cet égard, The Economist s’attend à ce que les dirigeants de l’UE accélèrent le rythme de l’intégration budgétaire et financière ainsi que la mise en place d’une sorte de système européen de garantie des dépôts bancaires. Après le décevant sommet du G8 tenu à Camp David, au cours duquel les dirigeants se sont montrés plus favorables à la position pro-croissance de François Hollande qu’à l’approche privilégiant l’austérité prônée par Angela Merkel, l’EURUSD est resté quasi-stationnaire pour clôturer à 50 pips au-dessus du cours d’ouverture. La réunion de demain devrait apporter davantage d’informations sur la façon dont l’Europe envisage de gérer la situation actuelle. Dans cette perspective, les Bourses se sont extraites de la tendance baissière de la semaine dernière, les futures US se sont inscrits en légère hausse et les principales devises se sont appréciées face au dollar. Du côté des matières premières, l’or et l’argent sont repartis de l’avant après plusieurs séances de baisse, suivis par le pétrole qui a eu du mal à suivre le mouvement en raison d’une demande mondiale insuffisante et des excédents de stocks. Nous estimons que ce retournement ne durera pas si le statu quo est maintenu pendant la période menant au scrutin du 17 juin, qui masque un référendum sur la sortie de la Grèce.

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