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En Occitanie, la filière aéronautique en pleine hémorragie

Publié le 25/09/2020 15:57
Mis à jour le 25/09/2020 16:00
© Reuters.

par Johanna Decorse

TOULOUSE (Reuters) - Secouée par la crise sanitaire qui a provoqué un effondrement du trafic aérien mondial, la filière aéronautique en Occitanie vit depuis cet été au rythme des annonces de plans sociaux et de restructuration.

Une trentaine de plans de sauvegarde de l’emploi, dont le dernier annoncé ce vendredi par l'équipementier Latécoère (PA:LAEP) portant sur 475 postes, sont en cours dans la région selon la Direction régionale des entreprises (Direccte).

En Occitanie, le secteur aéronautique représente près de 700 entreprises et quelque 110.000 emplois. A lui seul, le territoire toulousain, qui héberge le siège d'Airbus (PA:AIR), concentre près de 450 entreprises et 94.500 emplois.

Après Daher et Airbus, qui doit présenter les 15 et 16 octobre aux instances représentatives du personnel son plan portant sur la suppression de 5.000 postes en France, dont 3.378 à Toulouse, de nombreux sous-traitants du secteur ont entamé durant l'été leur réorganisation.

Début juillet, Sogeclair Aerospace, filiale française du groupe toulousain d'ingénierie Sogeclair, a annoncé un plan de sauvegarde de l’emploi portant sur 245 personnes. Chez le prestataire de services Assistance Aéronautique Aérospatiale (AAA), qui compte près de 300 employés à Toulouse, 719 postes pourraient être supprimés.

Fin août, c’est l’équipementier Figeac Aero qui a annoncé la suppression de 320 postes sur les 966 du site de Figeac, dans le Lot. Les premiers départs devraient intervenir en janvier 2021.

Début septembre, la Direccte instruisait 27 plans sociaux dans le secteur aéronautique en Occitanie dont 20 spécifiquement dans le département de Haute-Garonne.

Un nouveau vient s'ajouter à la liste, annoncé ce vendredi par Latécoère. L'équipementier, sous-traitant direct des grands avionneurs mondiaux, a prévu "la suppression de 475 postes sur les 1.504 que compte le groupe en France au 31 juillet 2020 afin d’adapter ses effectifs au volume d’activité et aux prévisions de lente reprise du trafic aérien".

"COURBER L'ÉCHINE"

Pour Alain Di Crescenzo, président de la Chambre de commerce et d’industrie Occitanie, qui anticipait avant l’été la perte de 40.000 emplois directs localement, les menaces de licenciements pèseraient toujours sur 20.000 emplois, malgré les prêts garantis par l'Etat aux entreprises et le plan de soutien à la filière de 15 milliards d'euros.

Fournisseur direct d'Airbus et Boeing (NYSE:BA), Figeac Aero a vu son chiffre d'affaires reculer de 55,29% au premier trimestre 2020. Déjà affecté par l’arrêt de production du programme 737 MAX de Boeing, l’équipementier lotois a enregistré avec la pandémie une baisse d’activité "de moitié" avec l’avionneur américain et de l’ordre de 40% avec Airbus.

"Sur l’exercice qui sera soldé en mars 2021, nous allons enregistrer une baisse de chiffre d’affaires de 30% par rapport à mars 2020", a annoncé à Reuters Jean-Claude Maillard, PDG de Figeac Aero.

"Nos clients sont comme nous, ils sont extrêmement affectés par la crise et pensent d’abord à leurs intérêts. Airbus courbe l’échine et nous fait courber l’échine", ajoute le dirigeant sans néanmoins redouter l’arrêt de programmes de l’avionneur européen.

Pour faire face à la crise dans l’aéronautique, d’autres entreprises du secteur ont négocié très tôt des accords de performance collective (APC) en échange de la préservation de l’emploi, au moins à court terme.

Chez le prestataire Derichebourg Aeronautics Services, sous-traitant d’Airbus, un accord comportant la suppression de primes de repas et de transports a été signé le 12 juin. Sur les 1.400 salariés toulousains, 163 l'ont refusé, ce qui a entraîné leur licenciement pour motif réel et sérieux.

En plus du plan social, la direction d'Airbus a soumis le 21 septembre aux organisations syndicales un projet d'APC prévoyant un gel des salaires jusqu'au 30 juin 2022 et une révision de plusieurs avantages sociaux, des propositions jugées "inacceptables" par Force ouvrière, le syndicat majoritaire.

Chez Liebbher Aeospace, qui conçoit et produit des systèmes d’air pour l’aéronautique et emploie 1.500 personnes dans la région toulousaine, la réponse a pris la forme d’un plan de départs volontaires portant sur une centaine d’emplois.

VERS UNE CONSOLIDATION ?

A la tête de Gillis Aerospace, fabricant de vis et pièces de fixations pour l'aéronautique et le spatial, basé dans le Tarn-et-Garonne, Serge Dumas a dû "réajuster ses ressources" en passant à la semaine de quatre jours.

"Nous n’avons pas licencié car nous ne voulons pas perdre de spécialité mais face à une baisse de nos commandes de 40%, nous avons dû réduire le temps de présence des salariés. Cette mesure devrait suffire jusqu’à la fin de l’année, on verra après", confie le dirigeant de cette PME de 45 salariés.

"Je ne me fais pas de souci tant que nous ne passons pas en dessous de la semaine de trois jours".

Au-delà de l'impact social, la crise sanitaire pourrait aussi entraîner une profonde restructuration de la filière aéronautique avec des mouvements de concentration.

Des discussions ont commencé entre plusieurs acteurs de la pièce mécanique et du sous-ensemble, Figeac Aero, Mecachrome ou encore WeAre Group, basé dans le Tarn-et-Garonne, autour d'un éventuel rapprochement.

"La crise permet aux donneurs d'ordre de rationaliser leur panel de sous-traitants, trop nombreux, pour garder les plus gros, les meilleurs et les plus dynamiques", explique Jean-Claude Maillard, PDG de Figeac Aero.

"Une restructuration de la 'supply chain' en France est indispensable, cela fait consensus au niveau des donneurs d'ordre comme Airbus, Thalès ou Safran (PA:SAF) et des investisseurs".

© Reuters. EN OCCITANIE, LA FILIÈRE AÉRONAUTIQUE EN PLEINE HÉMORRAGIE

(Johanna Decorse, édité par Blandine Hénault)

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