TOULOUSE (Reuters) - La société toulousaine Alpha Recyclage Composites a fait entrer à son capital deux partenaires pour l'aider à développer dès 2019 de la première filière en France de valorisation de matériaux composites à base de fibres de carbone.
STS Groupe, spécialisé dans la fabrication de pièces en composites pour l'aéronautique, l'automobile ou encore l'énergie et la société tarnaise Freyssinet Aeroequipment, sous-traitant de Safran (PA:SAF) notamment pour des pièces mécaniques de précision et des sous-ensembles, ont investi au total 600.000 euros.
Cette enveloppe doit permettre à Alpha Recyclage Composites, créée en 2009 à Toulouse, d'industrialiser un procédé de recyclage de la fibre de carbone par vapothermolyse, développé avec l'Ecole des Mines de d'Albi-Carmaux (Tarn).
"Notre technologie permet par l'action combinée de la chaleur et de la vapeur d'eau, de décomposer la résine du matériau composite et de récupérer les fibres de carbone qui conservent leurs propriétés à 99,9% et peuvent donc être réutilisées dans l'industrie", explique Laura Pech, directrice générale d'Alpha Recyclage Composites.
La construction d'un pilote de vapothermolyse, opérationnel dès début 2019 pour un investissement total d'un million d'euros, permettra à l'entreprise de traiter 400 tonnes de déchets composites par an et signera le début de la première filière en France de valorisation de la fibre de carbone.
Ce matériau extrêmement léger et aux propriétés techniques remarquables, répond aux objectifs de gain de poids et donc de réduction de la consommation de carburant des secteurs de l'aéronautique et de l'automobile.
UNE ATTENTE DES CONSTRUCTEURS
Les deux grands gisements actuels sont les chutes de production et les avions ou hélicoptères en fin de vie. En France, le volume de déchets composites à base de fibres de carbone est estimé à 2.500 tonnes à l'horizon 2025 contre 500 tonnes aujourd'hui qui ne sont ni triées, ni valorisées mais envoyées en enfouissement.
"Les seuls freins à une utilisation plus large sont le coût du matériau lui même et l'absence de filière de recyclage. Notre innovation apporte une réponse à une attente des constructeurs" souligne Laura Pech.
"La valeur de la fibre est la base de notre business model. Dès 2019, l'entreprise sera rémunérée pour ses prestations de recyclage et pour la vente de fibres de carbone recyclées. Nous ciblons les marchés de l'automobile, pour des pièces de carrosserie, et du nautisme, pour les coques de bateau. Ces fibres seront commercialisées 40% moins cher que des fibres neuves, vendues aux alentours de 15 euros le kilo", précise la dirigeante d'Alpha Recyclage Composites.
La société est soutenue pour son projet de filière de valorisation par la Direction générale de l'armement et Bpifrance qui injecteront chacune 500.000 euros au démarrage de l'activité industrielle.
Le procédé de vapothermolyse développé par la PME toulousaine est déjà utilisée pour le recyclage de pneus usagés transformés en fioul et en noir de carbone par une société soeur, Alpha Recyclage Franche-Comté, appartenant à la holding de la famille Pech.
(Johanna Decorse, édité par Yves Clarisse) OLFRBUS Reuters France Online Report Business News 20180322T122552+0000