Le président américain Donald Trump a tenu hier une des promesses effectuées lors de sa campagne présidentielle en retirant les Etats-Unis des accords sur le nucléaire iranien, ouvrant la voie à la (re)mise en place de sanctions économiques contre l’Iran.
Les prix du pétrole ont été particulièrement volatils avant l’annonce, les marchés ayant fortement régit à plusieurs rumeurs. Le cours a en effet chuté lorsque CNN a déclaré que le Président Trump ne mettrait pas fin à l’accord avec l’Iran, mais est ensuite remonté après que d’autres sources aient réfuté l’information.
Au moment où Trump a fait son annonce officielle, le marché avait donc déjà intégré aux cours la fin des accords, et le pétrole n’a finalement que très peu réagit lors de la confirmation.
Pour les traders à long terme, comment les sanctions contre l’Iran pourraient impacter le marché ?
Une partie des sanctions sera remise en place sous 90 jours, et le reste d’ici le 4 novembre 2018. Au bout de 90 jours, les sanctions contre les institutions achetant ou détenant des devises iraniennes en dehors de l’Iran seront appliquées. Les détenteurs d’obligations d’Etat iraniennes et les intermédiaires permettant les transactions sur ces actifs seront également visés.
Cela rendra l’achat et la vente de pétrole iranien beaucoup plus difficile, puisque l’Iran requiert que les transactions sur le pétrole passent par sa banque centrale.
Le 4 novembre 2018, les sanctions contre la compagnie pétrolière nationale NIOC entreront de nouveau pleinement en vigueur. A ce moment, il ne sera d’ailleurs plus possible pour les transporteurs de contracter des assurances pour les cargaisons de pétrole iranien auprès de compagnies américaines, et il est biensur obligatoire que ces transports soient assurés.
Il est possible que les institutions européennes ou chinoises offrent des assurances pour le pétrole iranien, mais dans ce cas, les Etats-Unis pourraient sanctionner les entreprises qui ont des relations d’affaires avec les compagnies assurant les cargaisons de pétrole iranien…
Malgré tout, l’administration Trump semble afficher une position ferme, affirmant que les sanctions seront appliquées immédiatement, bien que cela ne soit pas exactement comme cela que les choses fonctionnent…
John Bolton, Conseiller à la Sécurité Nationale, a déclaré que les anciennes sanctions devaient être réappliquées immédiatement. Richard Grennelle, le nouvel ambassadeur US en Allemagne, a quant à lui déclaré que les entreprises allemandes travaillant avec l’Iran devaient cesser immédiatement.
De son côté, le Département au Trésor US a déclaré que les pays qui achètent du pétrole à l’Iran doivent "réduire progressivement le volume de leurs achats de pétrole en provenance de l’Iran pendant la période tampon de 180 jours".
Toutes ces déclarations servent au final à faire comprendre aux entreprises du monde entier que les USA sont déterminés à réappliquer les sanctions contre l’Iran, et qu’il est mieux de s’y conformer à l’avance. Dans ce contexte, il ne serait pas déraisonnable de prévoir une réduction des exportations de pétrole de l’Iran de 200k-300k barils par jour d’ici novembre 2018.
Cette décision de Trump a aussi des implications dans les relations avec la Corée du Nord, un mois avant le très anticipé sommet entre Kim Jong Un et Donald Trump.
Si les Etats-Unis parviennent à convaincre la Chine de réduire ses importations de pétrole iranien (La Chine représente 24% des achats de pétrole iranien), cela pourrait envoyer un fort message à la Corée du Nord sur le fait que Chine et USA sont unis dans leur volonté de dénucléariser la Corée du Nord. Bien que cela semble pour l’instant peu probable, cela reste possible, et si cela arrive, nous pourrions assister à une très rapide chute des exportations de pétrole de l’Iran.