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Une nouvelle alliance va faire plafonner le pétrole à 60$

Publié le 12/12/2017 11:55
Mis à jour le 09/07/2023 12:32

Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr

L’OPEP, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, n’est plus aussi puissante qu’elle l’a été. Il se pourrait même que l’on ait surestimé son pouvoir, par le passé. En effet, parmi les membres de l’OPEP se trouvent des intérêts divergents et de redoutables adversaires proches de la confrontation et n’hésitant pas à saisir la moindre occasion pour enfreindre les accords négociés.

Mais une nouvelle alliance pétrolière est apparue, plus puissante et efficace en termes de fixation des prix que ne l’a jamais été l’OPEP. Cette nouvelle alliance est composée de la Russie et de l’Arabie saoudite, classées respectivement premier et deuxième producteurs de pétrole dans le monde. Réunies, la Russie et l’Arabie saoudite produisent 21 millions de barils par jour, soit environ 25% de la production de pétrole mondiale.

Si la Russie et l’Arabie saoudite s’entendent sur un prix, elles peuvent le maintenir en ajustant simplement leurs propres productions. La Russie et l’Arabie saoudite se préparent aujourd’hui à accomplir un geste décisif qui devrait affecter les cours du pétrole.

Ceux qui se souviennent des années 1970 ont peut-être encore la chair de poule en entendant le mot « OPEP ». Au cours de cette période, les crises pétrolières se sont succédé, notamment une forte flambée des prix (de 2$ à 12$ environ le baril sur une période de six ans, soit une augmentation de 500%) et nous avons eu des pénuries ponctuelles assorties de longues files d’attente dans les stations-services.

On a imputé la plupart de ces crises au fait que l’OPEP manipulait les prix. En effet, l’OPEP a été constituée en 1960 en tant que cartel de producteurs, puis elle est montée en puissance dans les années 1970 en limitant sa production. Mais les troubles qui ont secoué les marchés de l’énergie, au sein des économies développées lors des années 1970, sont tout aussi imputables aux réglementations et à la géopolitique pratiquées par les gouvernements qu’aux manipulations de prix orchestrées par l’OPEP.

Les restrictions opérées sur le développement et l’exportation du pétrole d’Alaska et sur le transport (telles que celles imposées par le Jones Act), et des politiques contreproductives telles que « l’impôt sur les bénéfices exceptionnels », sont autant d’éléments qui ont contribué à faire flamber les prix de l’énergie aux Etats-Unis, parallèlement aux restrictions imposées par l’OPEP.

En fait, le principal moteur de cette augmentation des prix du pétrole dans les années 1970, n’avait rien à voir avec l’énergie ou l’OPEP. L’augmentation était due à l’inflation provoquée par les politiques monétaires maladroites de la Fed.

Le pétrole n’est pas la seule matière première dont le cours ait flambé dans les années 1970. L’or a bondi de 35$ à 800$ l’once entre 1971 et 1980, soit une augmentation de plus de 2 000% ayant eu lieu à peu près au moment où les cours du pétrole ont bondi de 500%. Le problème du cours du pétrole en dollar, ce n’était pas le pétrole mais bien le dollar. Les producteurs de l’OPEP, notamment l’Arabie saoudite, ont augmenté le prix afin de ne pas perdre de pouvoir d’achat pendant la grande inflation de la fin des années 1970.

L’OPEP est devenue l’exutoire de la colère des consommateurs américains. Ces consommateurs auraient mieux fait de s’en prendre à la Réserve fédérale. Pour autant, ce n’est pas parce que la réputation de l’OPEP est exagérée que les prix du pétrole ne peuvent pas être contrôlés. C’est tout à fait possible. Et c’est l’Arabie saoudite qui en a le contrôle.

Le Royaume d’Arabie saoudite possède le double avantage de disposer des réserves les plus importantes et des coûts de production les plus faibles du monde. Cette conjonction signifie que l’Arabie saoudite peut dicter les prix du pétrole dans une vaste mesure, simplement en ouvrant à fond les robinets ou en les fermant.

L’Arabie saoudite n’a pas intérêt à pousser les marchés vers ces deux extrêmes. A la place, elle utilise des modèles d’optimisation axés sur la programmation linéaire lui permettant d’estimer un prix du pétrole susceptible de produire un maximum de revenus pour le Royaume et de décourager la production de concurrents dont les coûts sont élevés. Même si l’Arabie saoudite conserve ces modèles comme des secrets d’Etat, elle parle ouvertement de prix optimal avec ses partenaires de l’OPEP.

L’OPEP n’a jamais vraiment fait preuve de cohésion ou d’efficacité. Certains producteurs de l’OPEP, tels que le Koweït et Bahreïn, suivent les objectifs de l’Arabie saoudite et ne sont que le prolongement de ses plans d’optimisation. D’autres membres de l’OPEP trichent sans cesse, notamment le Venezuela (désormais Etat client de la Chine), l’Iran (ennemi juré de l’Arabie saoudite) et l’Irak (sous influence iranienne).

Il y a 10 ans, les prix élevés du pétrole (notamment un bref pic à 140$ le baril mi-2008) ont bénéficié à l’OPEP. Mais ils ont également encouragé une vaste expansion de la production de pétrole issue de la fracturation (pétrole de schiste). Alors que ce secteur se développait de 2010 à 2013, l’Arabie saoudite a considéré que cela menaçait directement ses parts de marché dans le monde. Mi-2014, les ministres du Pétrole et des Finances d’Arabie saoudite ont repris leurs modèles d’optimisation. Ils ont étudié un prix assez bas pour que les producteurs de pétrole de schiste mettent la clé sous la porte, mais pas au point de mettre en danger la situation budgétaire saoudienne. Les modèles ont établi que le prix optimal était de 60$ le baril.

Pour la plupart des producteurs de pétrole de schiste, le coût de revient du baril variait de 70$ à 12$ le baril. Un pétrole à 60$ le baril les mettrait sur la paille et, dans la foulée, ferait cesser toutes nouvelles activités d’exploration et de production. Parallèlement, l’Arabie saoudite a conclu une nouvelle alliance, en coulisses, avec le plus grand producteur de pétrole du monde : la Russie.

La Russie n’est peut-être pas membre de l’OPEP, mais c’est un acteur bien plus important, pour qui souhaite contrôler le prix du pétrole dans le monde. La Russie et l’Arabie saoudite, à elles seules, produisent autant de pétrole que tous les autres membres de l’OPEP réunis. Donc, si la Russie et l’Arabie saoudite s’entendaient sur un prix, elles pourraient le maintenir malgré les tricheries habituelles survenant au sein de l’OPEP.

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Le prix de 60$ le baril, ciblé par les Saoudiens, a fonctionné exactement comme prévu. Le prix du pétrole a plongé fin 2014, l’Arabie saoudite et la Russie ayant maintenu un niveau de production élevé. Les producteurs de pétrole de schiste ont été mis en difficulté financière et beaucoup d’entre eux ont fait faillite. Les sites pétroliers ont fermé par milliers et les nouveaux forages se sont taris. Le plan de manipulation des cours, orchestré par la Russie et l’Arabie saoudite, comportait quelques défauts et effets pervers. Certains producteurs de pétrole de schiste ont augmenté leur production en réalité, afin de générer des revenus leur permettant tout juste de rembourser leurs obligations « pourries » (junk bonds) malgré les pertes financières enregistrées après déduction des amortissements.

Et puis, fin 2015, les prix du pétrole ont chuté violemment : le ralentissement économique de certains pays développés et le renforcement du dollar américain ont eu un impact déflationniste sur les matières premières en général. Mais depuis mi-2016, l’Arabie saoudite et la Russie ont suivi leur discipline de production et maintenu le prix du pétrole au sein d’une fourchette relativement étroite variant de 40$ à 60$ le baril.

Quels sont les indicateurs qui apparaissent, à l’heure actuelle, et nous révèlent de quelle façon la Russie et l’Arabie saoudite ont l’intention d’évoluer au sein des marchés pétroliers, au cours des mois à venir ?

Parmi les facteurs que nous évaluons, à l’heure actuelle, le plus important est la forte coopération entre la Russie et l’Arabie saoudite, et les intérêts communs de ces deux plus grands producteurs de pétrole du monde. Les relations entre ces deux super-puissances pétrolières se sont renforcées ces derniers mois.

En octobre dernier, le Roi Salman d’Arabie saoudite s’est rendu à Moscou pour finaliser de multiples accords. Il s’agit notamment d’investissements majeurs que le royaume va faire dans des projets énergétiques russes, et d’importants contrats d’armement en vue d’acquérir des armes de pointe auprès de la Russie.

Bloomberg News a récemment évoqué ces nouveaux liens étroits entre la Russie et l’Arabie Saoudite, ainsi que l’impact que cela pourrait avoir sur le cours du pétrole :

« Le rapprochement russo-saoudien marque un changement de politique entre deux partenaires improbables. Historiquement, l’Arabie saoudite est un fidèle allié des Etats-Unis, lesquels sont un rival historique de la Russie et principal partenaire dans la découverte et la production de pétrole dans le royaume [saoudien]. L’expansion récente de la production de pétrole de schiste, aux Etats-Unis, a marqué un tournant, les Saoudiens et les Russes ayant identifié qu’ils avaient intérêt à se défendre contre ce secteur qui alimente un excédent pétrolier mondial, et à coopérer étroitement pour sceller des accords de restriction de la production ».

L’autre facteur clé, c’est qu’aucun changement n’est intervenu dans les calculs à l’origine de ce cours de 60$ le baril, que les Saoudiens ciblent depuis 2014. Il constitue bien le plafond des cours mondiaux du pétrole, sauf catastrophe géopolitique affectant directement le Moyen-Orient. L’Arabie saoudite et la Russie prendront toutes les mesures, notamment la restriction de la production, afin d’empêcher les cours du pétrole d’augmenter. En ce moment, le cours du pétrole est de 58$ le baril, soit très près du plafond de 60$. Les cours du pétrole n’iront pas plus haut.

Dans le même temps, de fortes dynamiques poussent les prix à la baisse. Ces forces déflationnistes sont notamment un ralentissement de la croissance au sein des principales économies développée, et un renforcement du dollar résultant du resserrement monétaire opéré par la Réserve fédérale. On dirait que le pétrole s’apparente à un trade asymétrique classique de type « face tu gagnes, pile tu ne perds pas ». Les cours du pétrole sont sur le point de baisser en raison de forces déflationnistes, mais il est très improbable qu’ils grimpent, en raison de la manipulation des prix orchestrée par le cartel Russie-Arabie saoudite. Il est donc extrêmement intéressant d’ouvrir une position « short » sur le cours du pétrole.

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